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Droits des femmes: régressions, révoltes et espoirs


Jeudi 2 mars 2023 à 05h02

Paris, 2 mars 2023 (AFP) — Les droits des femmes connaissent des régressions partout dans le monde, alertent des associations. Toutefois, anonymes et militantes se mobilisent afin de lutter contre les discriminations et violences sexistes. Tour d'horizon, à l'approche du 8 mars, journée internationale des droits des femmes.

Bataille pour l'avortement

Les féministes se mobilisent particulièrement cette année pour défendre le droit à l'avortement, inexistant, menacé ou remis en cause dans de nombreux pays.

Exemple emblématique: le revirement des Etats-Unis. La Cour suprême a révoqué en juin dernier l'arrêt "Roe v. Wade" de 1973, garantissant le droit à l'avortement. Depuis, une vingtaine d'Etats l'interdisent ou le limitent profondément.

En Europe, ce droit a récemment été fragilisé en Hongrie et en Pologne. Il reste "considérablement entravé" en Espagne et en Italie où nombre de médecins refusent de pratiquer des interruptions volontaires de grossesse (IVG) par objection de conscience, selon le collectif "Avortement en Europe, les femmes décident".

Dans ce contexte, ces associations plaident pour "sanctuariser" ce droit en France, en l'inscrivant dans la Constitution. Une proposition de loi en ce sens est en discussion.

L'Amérique latine connait elle une phase de libéralisation de l'interruption de grossesse. La Colombie par exemple a, début 2022, dépénalisé l'avortement jusqu'à 24 semaines, quel qu'en soit le motif.

"Sombre bilan" en Afghanistan

Nombre d'ONG tirent la sonnette d'alarme sur la dégradation des droits des femmes en Afghanistan, depuis le retour au pouvoir des talibans, en août 2021.

"Le bilan est sombre", pointe dans un récent rapport Amnesty international, qui appelle la communauté internationale à élaborer "une stratégie robuste et coordonnée" afin de "faire pression" sur le régime en place.

Les talibans ont multiplié les mesures visant à pousser les femmes hors de l'espace public, leur interdisant notamment d'accéder à certains emplois. Et les filles ont été exclues de l'école secondaire et de l'enseignement supérieur.

"Les femmes ayant manifesté de manière pacifique contre ces règles oppressantes ont été menacées, arrêtées, incarcérées, torturées", dénonce également Amnesty.

Révolte iranienne

"Femmes, vie, liberté": les femmes sont au coeur du mouvement de contestation sans précédent, qui agite l'Iran depuis la mort en septembre de Mahsa Amini.

Cette Kurde iranienne de 22 ans est décédée trois jours après son arrestation par la police des moeurs qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire de la République islamique.

Les jeunes femmes ont été à l'avant-garde de la contestation, certaines retirant et brûlant leur foulard en défiant les autorités sur des vidéos. Les manifestations pour la liberté des femmes se sont transformé progressivement en un mouvement plus large contre le régime islamique.

Les autorités "ont violemment appliqué des codes vestimentaires discriminatoires à l'égard des femmes" et elles ont "recouru à une force excessive et meurtrière contre les manifestants", observe dans un rapport l'ONG Human Rights Watch.

Ukraine: guerre "dévastatrice" pour les femmes

Elles vivent en exil ou affrontent un quotidien marqué par la violence, depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

La guerre a des "répercussions dévastatrices" sur les femmes et les filles ukrainiennes, souligne l'ONU Femmes. Elle relève dans un récent rapport une "hausse alarmante des violences basées sur le genre, des rapports sexuels en échange de nourriture et de la vie sauve (...) et des mariages d'enfants".

Des ONG ont dénoncé le recours au viol comme "arme de guerre" par les forces russes. Le Parlement européen a condamné en mai cette pratique.

Malgré la guerre, l'Ukraine a toutefois ratifié l'an dernier la Convention d'Istanbul, premier traité international à fixer des normes juridiquement contraignantes pour prévenir les violences envers les femmes.

Rôles modèles pluriels

Littérature, mathématiques, astronomie: malgré des droits fragilisés dans certains pays, des femmes continuent d'investir et de percer dans tous les domaines. Un signe des évolutions sociétales et une source d'inspiration pour les plus jeunes.

L'Ukrainienne Maryna Viazovska a ainsi remporté la médaille Fields l'an dernier, aux côtés de trois mathématiciens. Il s'agit de la deuxième femme à recevoir cette distinction depuis sa création en 1936.

Deux femmes figurent également parmi les dix lauréats des derniers prix Nobel: la Française Annie Ernaud a été sacrée en littérature et l'Américaine Carolyn Bertozzi en chimie.

La nouvelle promotion de l'Agence spatiale européenne comprend trois hommes et deux femmes: Rosemary Coogan, une Britannique de 31 ans, et Sophie Adenot, une Française de 40 ans.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.