Mardi 1 juillet 2025 à 11h58
Paris, 1 juil 2025 (AFP) — Dix hommes, dont un mineur, seront prochainement jugés à Paris, tenus pour responsables du naufrage mortel dans la Manche en août 2023 d'une embarcation surchargée tentant de rallier l'Angleterre, a appris mardi l'AFP de source proche du dossier.
Dans la nuit du 11 au 12 août 2023, le canot, lourd d'une soixantaine de personnes à majorité afghanes, a subi une avarie moteur. Sept Afghans, nés entre 1989 et 2002, ont perdu la vie. Cinquante-huit personnes ont été secourues.
Deux ans après le drame, les deux juges d'instruction parisiennes ont ordonné un procès pour neuf hommes devant le tribunal correctionnel, deux sont visés par des mandats d'arrêt. Il doit se tenir dans les mois à venir.
Un dixième sera jugé devant le tribunal pour enfants, ayant 16 ans au moment des faits.
L'information judiciaire a mis au jour "l'alliance de plusieurs branches" criminelles, travaillant avec des "rôles prédéfinis" depuis 2022, d'après l'ordonnance des juges dont l'AFP a eu connaissance.
D'une part, une "filière irako-kurde" chargée de la logistique et d'autre part, une "filière afghane" s'occupant de trouver des candidats à l'exil.
Ils seront jugés pour homicides et blessures involontaires, mise en danger de la vie d'autrui, association de malfaiteurs criminelle ainsi que pour aide à l'immigration irrégulière.
"Je ne comprends pas que les infractions d'homicides et de blessures involontaires, ainsi que de mise en danger, soient retenues contre mon client car l'enquête n'a pas établi qu'il a envoyé des personnes dans l'embarcation qui a fait naufrage", a réagi auprès de l'AFP Emmanuel Pire, avocat d'un suspect afghan.
Un Soudanais et un Sud-Soudanais sont accusés d'avoir piloté le canot, en échange d'une traversée moins chère, mais ils ne sont pas soupçonnés de préparatifs.
Sauf qu'aux yeux de Raphaël Kempf, avocat de l'un d'entre eux, ces hommes sont également "des victimes" des filières. "On sait bien que les passeurs ne montent pas dans le bateau, ils ne veulent pas se mettre en danger. Ces deux hommes, eux, sont montés sans gilet de sauvetage", souligne l'avocat. "En les poursuivant, la justice française ne cherche pas à lutter contre des réseaux, mais à criminaliser l'exil".
Ce naufrage est l'un des plus meurtriers survenus ces dernières années dans la Manche, après celui qui a fait 27 morts le 24 novembre 2021 au large de Calais, une affaire qui n'a pas encore été jugée. Lundi, neuf passeurs, afghans pour la plupart, ont été condamnés à Lille à sept et huit ans de prison pour un naufrage qui a coûté la vie à huit personnes dans la Manche en décembre 2022.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.