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Deux soldats turcs, un informateur, suspectés d'attentat se disent innocents


Mardi 9 mai 2006 à 06h11

VAN (Turquie), 6 mai 2006 (AFP) — Les deux soldats turcs et leur informateur kurde, accusés d'avoir commis un attentat dans le but supposé de déstabiliser le sud-est du pays, à majorité kurde, ont plaidé leur innocence lors de leur audition dans la nuit de vendredi à samedi devant un tribunal de Van (sud-est).

Entendus depuis jeudi, les trois prévenus, deux sergents-chefs et un rebelle repenti du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), encourent une peine d'emprisonnement à vie incompressible pour "participation à des actions visant à briser l'unité du pays", meurtre et tentative de meurtre.

Ils sont accusés d'avoir commis le 9 novembre un attentat à la bombe qui avait fait un mort et six blessés dans une librairie appartenant à un ancien membre du PKK à Semdinli, une localité située aux confins de l'Iran et de l'Irak.

La cour a ajourné le procès au 1er juin et décidé du maintien en détention des trois prévenus.

Reprenant quasiment mot pour mot la déposition de leur chef Ali Kaya, le sous-officier Özcan Ildeniz et l'informateur Veysel Ates ont plaidé leur innocence et attribué leur présence près du lieux de l'attentat au "hasard".

"Si j'avais voulu briser l'unité du pays, je n'aurais pas quitté l'organisation terroriste du PKK", a affirmé Veysel Ates, expliquant avoir abandonné la rébellion après qu'elle eut abattu ses deux frères, pourtant membres comme lui du groupe armé.

Les nombreuses questions des avocats de la partie civile sur les pratiques des services de renseignement militaire -pour lesquels travaillait le trio- dans leur lutte contre le PKK ont donné lieu à de violents accrochages verbaux avec la défense.

"Il n'est pas correct de dévoiler ici les missions des forces de sécurité chargées de la lutte antiterroriste", s'est indigné Me Vedat Gülsen avant de quitter avec fracas la salle d'audience. "La réponse à ces questions relève du secret d'Etat".

La Turquie a été accusée dans les années 1990, au plus fort de la rébellion kurde, d'avoir fermé les yeux sur des pratiques d'exécutions sommaires, d'enlèvements et de trafic de drogue dans le sud-est anatolien.

Le conflit kurde a fait plus de 37.000 morts depuis le début du soulèvement du PKK, en 1984.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.