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Deux attaques sanglantes en Irak, accord pour un gouvernement élargi


Jeudi 29 decembre 2005 à 21h01

BAGDAD, 29 déc 2005 (AFP) — Dix-huit Irakiens ont péri jeudi dans des attaques, dont 14 chiites abattus au sud de Bagdad, alors que le président irakien, le Kurde Jalal Talabani, et le leader chiite Abdel Aziz Hakim se sont mis d'accord sur le principe d'un gouvernement d'union nationale.

Par ailleurs, la branche irakienne d'Al-Qaïda a revendiqué l'enlèvement de cinq Soudanais, dont un diplomate de l'ambassade du Soudan à Bagdad, et menacé de les tuer sous 48 heures si Khartoum ne rompait pas avec l'Irak, dans un communiqué diffusé sur internet avec une vidéo.

Les cinq otages sont apparus sur une vidéo accompagnant le communiqué, déclinant tour à tour leur identité et appelant Khartoum à accéder aux requêtes de leurs ravisseurs.

Les ravisseurs du Français Bernard Planche, se présentant sous le nom d'un groupe jusqu'ici inconnu, le "Bataillon de la vigie pour l'Irak", ont également transmis une vidéo, diffusée mercredi par la télévision Al-Arabiya, montrant l'otage menacé de mort "si la France ne met pas fin à sa présence illégitime en Irak".

"Je rappelle que la France n'a pas de présence militaire en Irak et qu'elle a toujours plaidé pour que ce pays soit restauré dans sa pleine souveraineté", a déclaré le ministre des Affaires étrangères français, Philippe Douste-Blazy, ajoutant que "rien ne justifie le maintien en captivité de Bernard Planche".

La violence s'est poursuivie dans le pays, où quatorze civils irakiens, des chiites, ont été tués par des tirs contre le minibus dans lequel ils voyageaient au sud de Bagdad.

Un ingénieur libanais employé auprès d'une compagnie occidentale, Camille Nassif Tannous, a été enlevé sur son lieu de travail à Bagdad, selon des sources diplomatiques libanaises.

En outre, quatre policiers ont été tués et cinq blessés à Bagdad dans un attentat suicide et un soldat américain a été tué par l'explosion d'un engin artisanal au passage de son véhicule dans l'est de Bagdad.

Ce décès porte à plus de 2.172 le nombre de soldats américains et personnels assimilés morts en Irak depuis l'invasion de mars 2003, selon le Pentagone.

Par ailleurs, la raffinerie de Baïji, au nord de Bagdad, a arrêté la production depuis neuf jours en raison de "menaces terroristes", selon un porte-parole du ministère du pétrole à Bagdad.

Après le triplement du prix des carburants, "des menaces ont été proférées contre les chauffeurs de camions-citernes" qui ont cessé de s'approvisionner dans la raffinerie. L'arrêt de la production a contraint le gouvernement à recourir à l'importation, selon le porte-parole.

Sur le plan politique, le chef de la liste de chiites conservateurs, Abdel Aziz Hakim, et le président Talabani ont annoncé jeudi soir qu'ils étaient d'accord pour élargir le prochain gouvernement aux représentants d'autres communautés.

"La coalition kurde et l'alliance chiite sont d'accord sur le principe d'un gouvernement d'union nationale", a déclaré à la presse M. Talabani à l'issue de la rencontre, tout en soulignant que l'association devait se faire sur la base de "certains principes", en particulier "le rejet du terrorisme">.

La Mission internationale pour les élections irakiennes (MIEI) a annoncé jeudi la constitution d'une équipe d'experts qui vont compléter l'évaluation des élections législatives 15 décembre.

Les experts, parmi lesquels des responsables de la Ligue arabe et un universitaire européen, seront chargés d'évaluer les plaintes intervenues après les élections, la participation des groupes politiques et les opérations de vérification menées par la Commission électorale indépendante en Irak (CEI).

L'ambassadeur des Etats-Unis et le représentant du secrétaire général de l'Onu à Bagdad Ashraf Qazi ont salué cette mission d'évaluation.

A Kirkouk (nord), des Arabes sunnites et des Turcomans ont défilé pour dénoncer les résultats des élections et une tentative de "mainmise kurde sur la ville".

"Non aux fraudes, oui à l'unité", ont scandé les manifestants.

Kirkouk, habitée par des Kurdes, des Arabes et des Turcomans, a été fortement arabisée sous le régime du président déchu Saddam Hussein et les Kurdes réclament aujourd'hui le retour des déplacés dans cette ville pétrolière.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.