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Des soldats américains en Syrie pour aider les Kurdes contre l'EI


Jeudi 26 novembre 2015 à 19h27

Beyrouth, 26 nov 2015 (AFP) — Des soldats des forces spéciales américaines sont arrivés à Kobané en Syrie pour entraîner et assister les combattants kurdes luttant contre le groupe Etat islamique (EI), le premier déploiement officiel du genre dans ce pays en guerre.

Une source des Unités de protection du peuple kurde (YPG), principale milice kurde syrienne, un activiste à Kobané, Mustapha Abdi, et l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) ont annoncé jeudi l'arrivée de quelques dizaines de militaires qui, selon Washington, auront un rôle non-combattant de conseillers.

Leur mission consiste à "planifier" des offensives contre Jarablus et Raqa, des villes du nord syrien aux mains du groupe jihadiste responsable d'atrocités en Syrie et de spectaculaires attentats meurtriers, a indiqué à l'AFP la source des YPG.

Le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, a confirmé que les plus de 50 instructeurs américains entraîneraient les Kurdes en vue d'une offensive contre Raqa, capitale de facto de l'EI en Syrie.

Selon l'activiste Mustapha Abdi, ils sont entrés à Kobané "ces dernières heures" mais l'OSDH a affirmé qu'ils étaient arrivés "ces deux derniers jours", en deux groupes, depuis la Turquie et le Kurdistan irakien.

Une trentaine d'entre eux sont "actuellement à Kobané (nord) et les autres dans la province de Hassaké", plus à l'est, selon l'OSDH. "Ils doivent se regrouper à Kobané pour entraîner les Forces démocratiques de Syrie (FDS)" composées de factions arabes et kurdes et de chrétiens syriaques.

- 'Isoler' Raqa -

Fin octobre, le président américain Barack Obama avait donné son feu vert au déploiement en Syrie d'au maximum 50 soldats des forces spéciales dans un rôle de conseiller, le premier déploiement du genre depuis le début de l'effort de guerre international contre l'EI il y a plus d'un an.

Leur rôle est "d'organiser" les forces locales anti-EI, selon Brett McGurk, envoyé spécial de M. Obama pour la coalition anti-EI. Il s'agit à terme "d'isoler" Raqa.

Selon lui, le but de la coalition est "d'étouffer, d'étrangler le coeur" de l'EI en Syrie et en Irak par des offensives coordonnées au sol. Outre une offensive vers Raqa, il s'agit aussi de couper tout accès de l'EI à la frontière syrienne, de couper l'axe Raqa-Mossoul (Irak) et de reprendre Ramadi en Irak.

En mai, les Etats-Unis avaient officiellement annoncé leur première opération commando au sol contre l'EI en Syrie, au cours de laquelle leurs forces spéciales avaient tué des dizaines de jihadistes, dont un haut responsable, à Al-Omar (centre).

En Irak voisin, des centaines de conseillers américains assistent depuis plusieurs mois les troupes irakiennes face à l'EI et certains d'entre eux ont aidé début novembre les combattants kurdes à prendre la ville de Sinjar (nord) aux jihadistes, coupant ainsi une voie de communication importante pour l'EI entre l'Irak et la Syrie.

- Coalition élargie -

Après les attentats de Paris (130 morts le 13 novembre) et contre un avion de ligne russe qui s'est écrasé en Egypte (224 morts le 31 octobre), revendiqués par l'EI, Raqa est devenue la principale cible des raids aériens russes et français.

La France et la Russie ont établi une coopération inédite contre l'EI et le président français François Hollande cherche maintenant à établir une coalition plus large pour tenter de détruire ce groupe.

Mais les efforts français risquent d'être perturbés par la crise entre Ankara et Moscou, née du fait que l'armée turque a abattu mardi un avion de combat russe qui s'est écrasé en Syrie.

Jeudi, l'armée russe a annoncé avoir "détruit" des groupes rebelles qui se trouvaient dans la zone du crash dans le nord-ouest syrien, peu après une opération qui a permis le sauvetage d'un des deux pilotes. L'autre pilote a été tué depuis le sol par les rebelles.

L'Allemagne a proposé à la France de déployer une frégate ainsi que des avions de reconnaissance et de ravitaillement pour participer à la lutte contre les jihadistes. Et le Premier ministre britannique a appelé le Parlement à soutenir des frappes britanniques contre l'EI en Syrie.

"C'est à Raqa que certaines des principales menaces contre ce pays sont planifiées et orchestrées", a mis en garde David Cameron, affirmant que sept attentats déjoués par les services britanniques ces 12 derniers mois étaient "liés ou inspirés" par l'EI.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.