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Des procureurs turcs s'opposent à un nouveau procès pour Öcalan


Mercredi 5 avril 2006 à 14h18

ANKARA, 5 avr 2006 (AFP) — Des procureurs turcs d'une cour d'assises d'Ankara ont rejeté une demande de rejuger le chef séparatiste kurde emprisonné Abdullah Öcalan, affirmant ques les lois en vigueur ne permettent pas un nouveau procès, a rapporté mercredi l'agence de presse Anatolie.

Le chef du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) avait demandé en janvier à être rejugé conformément à un arrêt en ce sens de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH), mais ses avocats avaient fait état d'obstacles judiciaires.

C'est la cour dont dépendent les deux procureurs et qui traite notamment des délits terroristes qui doit trancher sur l'affaire, précise l'agence.

Un nouveau procès pour Öcalan, considéré comme l'ennemi public no 1 en Turquie, s'avérera un casse-tête pour le gouvernement en raison des nombreuses critiques qu'il devrait affronter sur le plan intérieur, notamment des milieux nationalistes.

Des jeunes kurdes pro-PKK se sont violemment heurtés ces derniers jours aux forces de l'ordre dans plusieurs villes du sud-est anatolien peuplé, majoritairement de kurdes, et à Istanbul (nord-ouest), faisant 15 morts.

La CEDH a recommandé en mai 2005 d'organiser un nouveau procès contre Öcalan, ayant jugé que celui en 1999 au cours duquel il avait été condamné à mort sur l'île-prison d'Imrali (nord-ouest) était "inéquitable".

La peine de mort prononcée contre Öcalan, 57 ans, avait été commuée à la réclusion à vie en 2002 après l'abolition de la peine de mort en Turquie.

La Turquie a indiqué qu'elle respectera la recommandation de la CEDH, mais elle doit au préalable amender une loi qui permet de nouveaux procès pour les détenus dont le jugement a été condamné par la CEDH, mais qui exclut Öcalan et environ une centaine d'autres personnes.

Aucune initiative n'est actuellement en cours pour un tel amendement.

Le PKK, considéré comme étant une organisation terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne, a mené entre 1984 et 1999 une lutte armée pour la création d'un Etat kurde indépendant dans le Sud-Est. Les affrontements ont fait près de 37.000 morts.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.