Jeudi 18 octobre 2007 à 13h37
ERBIL (Irak), 18 oct 2007 (AFP) — Agitant des bannières proclamant "Non à une solution militaire", des milliers des manifestants ont dénoncé jeudi à Erbil, dans le nord de l'Irak, la menace turque d'une incursion visant les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Le rassemblement s'est déroulé dans le calme dans cette ville de deux millions d'habitants, capitale du Kurdistan irakien, à 350 km au nord de Bagdad. Un strict dispositif de sécurité avait été instauré : Les rues ont été fermées, des barrages installés et la circulation a été interdite.
Hérissée de drapeaux kurdes --rouge, blanc, vert avec un soleil jaune au milieu--, la manifestation a rassemblé devant le bureau de l'ONU des étudiants, des employés du gouvernement et des membres des syndicats.
"Non à la solution militaire, oui à la diplomatie", lisait-on en arabe, en anglais et en kurde, sur une des bannières.
"Nous demandons que le gouvernement irakien et la communauté internationale nous défendent contre la menace turque", exigeait une autre. "Violer les frontières du Kurdistan, c'est violer la souveraineté du peuple kurde", affirmait une troisième.
"La meilleure solution pour traiter le problème du PKK est d'avoir un dialogue direct entre les Turcs et le gouvernement kurde", estime un étudiant kurde de 21 ans, Karim Ali, qui se fait ainsi l'écho de la position affichée par les autorités régionales kurdes.
Pour un autre manifestant, les chances d'éviter une escalade étaient maigres: "en dépit de la force de cette manifestation, je pense qu'elle ne servira à rien", assure Ahmed Selim, 19 ans.
"Les Turcs sont décidés à détruire l'expérience du Kurdistan", dit-il, évoquant une conviction partagée par un grand nombre de Kurdes, qui bénéficient d'une quasi autonomie dans le nord de l'Irak.
"Je ne pense pas que l'on puisse stopper la menace turque avec cette manifestation", a-t-il ajouté.
A Dohouk, près de la zone frontalière avec la Turquie où des secteurs ont été récemment bombardés par l'artillerie turque, quelque 5.000 manifestants ont également dénoncé les menaces turques.
Le Parlement turc a autorisé mercredi le gouvernement à lancer si nécessaire des incursions militaires contre les rebelles du PKK dans le nord de l'Irak.
Selon Ankara, quelque 3.500 combattants du PKK --qui a déclenché en 1984 une lutte armée indépendantiste en Turquie qui a fait plus de 37.000 morts-- ont trouvé refuge dans cette région et sont soutenus par les Kurdes d'Irak.
Ankara affirme ne pas avoir d'autre option que d'intervenir militairement dès lors que ni Washington ni Bagdad n'agissent contre le PKK, une organisation considérée comme terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne.
Le gouvernement du Kurdistan irakien a appelé jeudi les autorités turques à des négociations directes pour régler la question des rebelles kurdes présents dans le nord de l'Irak.
Pour sa part, le gouvernement central irakien, qui qualifie le PKK de "terroriste", a prôné une concertation "urgente" avec Ankara et insisté sur sa prééminence dans la gestion de cette crise.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.