Samedi 29 avril 2006 à 09h00
ENZI (Irak), 28 avr 2006 (AFP) — Des membres du parti des séparatistes kurdes turcs retranchés dans le nord-est de l'Irak menacent de porter la guérilla en Iran, affirmant avoir été attaqués par les forces iraniennes.
Ce groupe du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), actif dans le sud-est de la Turquie, a affirmé qu'une de ses positions avait été pilonnée par les Iraniens le 20 avril, un bombardement qui a fait deux morts et 10 blessés dans ses rangs.
"Il y a un accord entre la Turquie et l'Iran pour attaquer nos positions", a affirmé à un journaliste de l'AFP un chef du groupe, près de la localité d'Enzi, située à 130 km au nord-est de Soulaimaniyah, près de la frontière iranienne, dans une région montagneuse difficile d'accès.
"Les renforts iraniens n'ont aucune raison d'être étant donné que les combats se déroulent entre nos hommes et les soldats turcs à l'intérieur du territoire turc et loin de la frontière avec l'Iran", a-t-il ajouté.
"Je mets en garde l'Iran contre les conséquences des agressions contre les sièges de notre parti en Irak", a dit Roustom Joudi.
Une combattante d'origine syrienne, Mezkine Jourdit, a abondé dans le même sens en affirmant que "depuis un an, l'Iran ne cesse de s'en prendre à nos éléments dont plusieurs ont été arrêtés".
"Et depuis peu, les Iraniens ont commencé à renforcer leurs positions militaires à la frontière", a-t-elle dit, ajoutant: "s'ils (les Iraniens) continuent de nous attaquer, nous allons déclencher une guérilla sans merci à l'intérieur de l'Iran".
"Nous avons jusqu'ici une stratégie défensive mais nous pouvons tout changer si les attaques iraniennes continuent", a-t-elle insisté.
Le village proche d'Enzi compte une cinquantaine de familles qui disent vivre dans la crainte d'être prises dans un conflit armé. Les éléments du PKK ne se font pas très voyants, même s'ils ont établi des postes de contrôle pour observer les éventuelles infiltrations en provenance de l'Iran tout proche.
"Nous vivons dans la crainte de la présence armée trop proche des Iraniens. Cela me rappelle le temps de Saddam Hussein", le président irakien déchu, dit un habitant, Haji Moustapha Younès, 56 ans, qui est revenu dans le village après 1991, date à laquelle la région a échappé au contrôle de l'armée de l'ancien régime.
Un étudiant de 20 ans, Amanj Mohammed, est du même avis. "Le survol de l'aviation nous fait sursauter car nous pensons que nous pouvons être la cible d'un bombardement", déclare-t-il.
L'Iran fait état de temps en temps de tentatives d'infiltration de rebelles séparatistes kurdes à partir de l'Irak. Téhéran et Ankara ont passé un accord appelant l'Iran à combattre le PKK et la Turquie à lutter contre les Moudjahidine du peuple, un groupe armé d'opposition iranien basé en Irak.
Ankara a régulièrement réclamé de Washington et Bagdad de déloger les séparatistes du PKK de leurs bases arrière dans le nord de l'Irak, mais s'est vu répondre que la priorité était de mettre fin aux violences frappant le reste du pays.
Lors d'une visite à Ankara mardi, la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a exhorté la Turquie à ne pas s'engager dans une action militaire unilatérale contre les séparatistes kurdes dans le nord de l'Irak.
Mme Rice a souligné que des opérations de la partie turque compliqueraient encore la tâche en vue de stabiliser la situation en Irak et a appelé à une coopération trilatérale entre Washington, Ankara et Bagdad sur les mesures à mettre en oeuvre contre le PKK.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.