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Des Kurdes irakiens prêts à prendre les armes contre l'armée turque


Mercredi 27 février 2008 à 14h37

QIMARY (Irak), 27 fév 2008 (AFP) — A la frontière avec la Turquie, de jeunes Kurdes irakiens se disent prêts coûte que coûte à prendre les armes pour défendre leur village contre l'armée turque, affirmant leur solidarité avec les rebelles du PKK, qui, comme tout le monde, ont le "droit de vivre en paix".

"La menace turque s'approche dangereusement. Ils viennent avec leurs canons, leurs armes et leurs avions", dit Juthiar Khalil, 25 ans, un habitant de Qimary, un village situé à la frontière avec la Turquie, qui mène depuis une semaine l'offensive contre les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan en lutte contre Ankara, retranchés dans le Kurdistan irakien.

Réunis autour d'un poêle dans un petit commerce d'alimentation du village, Juthiar Khalil et neuf de ses amis le jurent: ils défendront leur maison si les soldats turcs les attaquent.

"Nous sommes prêts à défendre nos villages. Nous n'avons que des armes légères et ne pourrons affronter les chars, canons et avions turcs que si le gouvernement kurde nous aide avec des armes lourdes. Mais nous nous défendrons", assure-t-il.

Ankara vient d'intensifier ses opérations, affirmant que 77 combattants du PKK avaient été tués depuis mardi soir et évoquant "les plus lourds combats" depuis le début de l'offensive jeudi dernier.

Juthiar Khalil défend le combat des rebelles du PKK, qui revendiquent l'autonomie du sud-est de la Turquie. Ils "ont le droit de vivre en paix", juge-t-il. "Ce sont également des Kurdes, en lutte contre l'ennemi et ils ont le droit de vivre en paix, comme tout le monde".

Le jeune homme montre la montagne qui s'élève derrière lui et explique que jusqu'à 1991 et la guerre du Golfe, c'était là qu'était situé son village, à quelques encablures des villages turcs situés de l'autre côté de la frontière. Puis les habitants ont reconstruit Qimary près de la ville de Zakho, plus loin de la frontière.

En temps normal, durant l'hiver, les villages de cette région montagneuse tournent au ralenti, emprisonnés sous un manteau de neige. Les routes menant aux villes sont impraticables et les jeunes gens passent leur temps à couper le bois ramassé durant l'été pour faire du feu.

"Nous ne soutenons pas le PKK mais nous soutenons leurs droits. Si nous combattons la Turquie, ce sera uniquement pour défendre notre terre", tempère pour sa part Ahmed Aouni, 19 ans.

"Nous espérons que la situation n'empirera pas. Mais nous craignons que les forces turques n'attaquent nos villages. Nous serons alors contraints de nous défendre et de défendre nos villages".

A Erbil, où siègent le gouvernement et le Parlement du Kurdistan irakien, les habitants expriment leur lassitude par rapport à un conflit qui dure depuis 30 ans.

"Tout ce dont nous rêvons c'est de vivre en paix. On en a assez de ces tirs, de ces explosions, de ces combats quotidiens", se lamente Hamma Saleh, 73 ans. "Qu'avons nous à gagner de cette guerre? Elle ne mènera qu'à la mort et à la destruction", poursuit Hamma, expliquant que la région subit déjà des restrictions. "Ces jours-ci, on n'a de l'électricité que deux heures par jour. On paye le prix de ces combats tous les jours".

Dans cette ville d'un million d'habitants, l'anxiété se lit sur tous les visages même si on aperçoit femmes et enfants dans les rues. "Les Turcs n'en n'ont pas simplement marre du PKK mais de tout ce qui a trait aux Kurdes. Il y a une haine historique entre les Turcs et les Kurdes", déclare un vieil homme devant un petit commerce d'Erbil.

"Je suis déjà allé en Turquie et j'y ai vu les villages kurdes. Ils sont sales et négligés alors que les autres villages sont propres et développés. Ils nous détestent simplement parce qu'on est Kurdes".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.