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Des journalistes iraniens critiquent l'arrestation des leurs collègues


Dimanche 30 octobre 2022 à 09h48

Téhéran, 30 oct 2022 (AFP) — Des journalistes iraniens ont dénoncé dimanche l'arrestation de plusieurs de leurs collègues par les autorités sur fond du mouvement de contestation déclenché en Iran par la mort en détention de Mahsa Amini il y a plus d'un mois.

L'Iran est secoué par des protestations depuis la mort le 16 septembre de cette jeune Kurde iranienne, décédée trois jours après son arrestation à Téhéran par la police des moeurs qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire strict du pays, prévoyant notamment le port du voile en public.

Des dizaines de personnes, principalement des manifestants mais aussi des membres des forces de sécurité, ont été tuées lors des manifestations qualifiées généralement d'"émeutes" par les autorités. Des centaines d'autres, dont des femmes, ont été arrêtées.

Le quotidien réformateur Sazandegi a annoncé dimanche que "plus de 20 journalistes sont toujours en détention", notamment à Téhéran, mais aussi dans d'autres villes. Plusieurs autres ont été convoqués par les autorités, ajoute le journal.

Selon les médias locaux, plus de 300 journalistes et photojournalistes iraniens ont signé un communiqué afin de critiquer les autorités pour avoir "arrêté [leurs] confrères et les avoir privés de leurs droits de citoyenneté après leurs détentions".

"Ils n'ont pas eu accès à leurs avocats, ont été interrogés et accusés avant de tenir une audience publique", a ajouté le texte, appelant les autorités à libérer les journalistes.

Dans une déclaration publiée dans le journal Etemad, l'Association des journalistes de Téhéran a rejeté comme "illégale" et "en conflit avec la liberté" de la presse "l'approche sécuritaire" envers le métier du journalisme.

L'association syndicale faisait allusion à un long rapport publié vendredi par des services de sécurité du pays sur les origines des manifestations et "les interventions du régime américain dans les récentes émeutes" en Iran.

Ils ont accusé des occidentaux d'avoir organisé des "cours de formation" pour des Iraniens dans le but de changer le pouvoir en Iran.

Le rapport accuse notamment deux journalistes, en les identifiant par les initiales de leur noms, d'avoir reçu ces formations et d'avoir "joué le rôle de sources primaires pour les médias étrangers".

Selon les médias locaux, le rapport faisait allusion à la journaliste Elaheh Mohammadi du quotidien Sazandegi et à la photographe Niloufar Hamedi du journal Shargh, qui avaient contribué à rendre publique l'affaire de Mahsa Amini et sont détenues depuis des semaines.

"Notre journaliste et notre journal (...) ont agi dans le cadre de la mission journalistique", a indiqué le directeur du quotidien Shargh, Mehdi Rahmanian, précisant que Niloufar Hamedi n'était pas la première à avoir annoncé la mort de la jeune femme.

De son côté, le journal Sazandegi a critiqué le rapport "décevant" des services des renseignements, ajoutant que "confronter les journalistes entraînerait la destruction des médias".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.