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Des jeunes dans la rue en Iran pour la Journée de l'étudiant


Mercredi 7 decembre 2022 à 18h37

Paris, 7 déc 2022 (AFP) — Des étudiants ont manifesté mercredi en Iran et boycotté les cours, selon des ONG, alors qu'un ancien président de la République islamique a apporté un soutien implicite au mouvement de contestation déclenché par la mort de Mahsa Amini.

Les manifestations ont eu lieu lors la Journée de l'étudiant, qui commémore la mort en 1953 de trois étudiants tués par les forces de sécurité du chah d'Iran et coïncidait avec le 3ème jour d'une grève à laquelle avaient appelé des protestataires.

Des étudiants ont défilé et scandé des slogans contre le régime dans plusieurs villes du pays, parfois malgré une forte présence des forces de sécurité, selon des vidéos mises en ligne par des militants et des groupes de défense des droits humains.

"Tremblez, tremblez, nous sommes tous ensemble", ont ainsi clamé des étudiants à l'Université de technologie Amirkabir de Téhéran, dans une vidéo publiée par le média en ligne 1500tasvir.

- "Beau message" -

Certaines organisations de jeunes avaient appelé à transformer cette Journée des étudiants en une "Journée de terreur pour l'Etat".

L'Iran est le théâtre de manifestations depuis la mort le 16 septembre de la jeune Kurde iranienne Mahsa Amini, arrêtée trois jours plus tôt et accusée de ne pas avoir respecté le code vestimentaire qui impose aux femmes de porter le voile en public.

Le cri de ralliement des protestataires adopté après sa mort, "Femme, vie, liberté", a été repris dans des manifestations à l'étranger et salué mardi par un ancien président iranien, Mohammad Khatami (1997-2005), principale figure des réformateurs.

M. Khatami, 79 ans, a estimé que ce slogan était "un beau message" et jugé que "sécurité et liberté n'étaient pas contradictoires", selon un communiqué cité par l'agence de presse Isna.

Les autorités iraniennes, qui ont eu du mal à contenir les manifestations, dénoncent des "émeutes" fomentées de l'étranger et notamment par l'ennemi juré de l'Iran, les Etats-Unis, ainsi que leurs alliés comme Israël.

En visite sur un campus de Téhéran pour la Journée des étudiants, le président ultraconservateur Ebrahim Raïssi a lui salué l'attitude des "étudiants perspicaces qui n'ont pas permis qu'il y ait à l'université une atmosphère d'émeute".

Il a accusé "les ennemis de chercher à rendre les universités peu sûres", appelant les étudiants à "déployer tous les efforts pour donner de l'espoir aux gens".

De son côté, BBC Persian, basée en Grande-Bretagne, a diffusé des images semblant montrer des étudiants protestant contre la présence du président Raïssi à l'Université de Téhéran, avant d'être repoussés par les forces de sécurité.

- "Soulèvement légitime" -

Parallèlement à la mobilisation estudiantine, des magasins sont restés fermés mercredi dans différentes villes, après qu'un appel à la grève a été lancé pour trois jours à partir de lundi.

Le groupe de défense des droits humains Iran Human Rights (IHR), basé en Norvège, a partagé des vidéos de magasins fermés à Téhéran, Qazvin, à l'ouest de la capitale, dans la ville septentrionale de Rasht et à Divandarreh, dans la province natale d'Amini, le Kurdistan.

La répression du mouvement a déjà fait au moins 448 morts depuis mi-septembre, selon un bilan établi le 29 novembre par IHR.

Les autorités ont elles fait état de la mort de quelque 300 personnes, dont des manifestants et des membres des forces de l'ordre. Elles ont arrêté des milliers de personnes, dont 11 ont été condamnées à mort dans des procès liés aux manifestations.

Dénonçant un régime "despotique", la soeur du guide suprême Ali Khamenei a également apporté son soutien au mouvement de contestation.

"Je m'oppose aux actions de mon frère", écrit Badri Hosseini Khamenei dans une lettre rendue publique mercredi sur internet par son fils basé en France, Mahmoud Moradkhani.

"Le peuple iranien mérite la liberté et la prospérité, et son soulèvement est légitime et nécessaire pour faire valoir ses droits", a-t-elle encore indiqué, disant espérer "le renversement de ce pouvoir tyrannique".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.