Page Précédente

Des enfants français devenus majeurs dans les camps syriens demandent leur rapatriement


Lundi 16 juin 2025 à 16h17

Paris, 16 juin 2025 (AFP) — Une délégation française composée d'associations, d'un élu et d'avocats, de retour de camps en Syrie où sont détenues des familles françaises de jihadistes présumés du groupe Etat islamique (EI), a relayé lundi en conférence de presse la volonté d'une vingtaine d'enfants et de mères d'être rapatriés en France.

Depuis la défaite de l'EI en Syrie il y a plus de cinq ans, les forces kurdes contrôlent plusieurs camps et prisons dans la région, où sont retenues des dizaines de milliers de personnes soupçonnées de liens avec l'organisation jihadiste.

Parmi elles figurent environ 120 enfants et une cinquantaine de femmes françaises, selon le groupe qui était composé notamment d'Amélie Morineau, présidente de la commission Libertés et droits de l'homme du Conseil national des barreaux (CNB) et de l'eurodéputé Mounir Satouri.

Le groupe s'est rendu dans le camp Roj ainsi que dans les centres Orkesh et Houri et dans la prison d'Alaya.

Ils sont revenus "avec des demandes de consentement" à rentrer, qui ont été filmées, de cinq jeunes détenus ainsi que de quatre mères demandant le rapatriement de leurs enfants âgés de six à 16 ans, et, pour trois d'entre elles leur retour à elles aussi, a indiqué lors d'une conférence de presse Me Marie Dosé.

Les dernières demandes ont été refusées par les autorités françaises, selon elle.

"Ça suffit ce cauchemar", témoigne notamment dans une vidéo prise par la délégation et diffusée lundi Adem, 22 ans, dont le nom de famille n'a pas été donné, emmené de force en Syrie quand il avait 11 ans.

Selon Matthieu Bagard, président du pôle expertise Syrie de l'ONG Avocats sans frontières France, leur séjour en Syrie est la preuve que les conditions sécuritaires actuelles "n'empêchent pas non plus les rapatriements effectués par un très grand nombre d'autres pays", dont l'Allemagne et la Russie. Et ce y compris depuis que les nouvelles autorités islamistes ont renversé le président Bachar al-Assad et pris le pouvoir en décembre.

"Les soldats-enfants en droit international sont des victimes de guerre", a rappelé Me Dosé, indiquant avoir déposé en France le 10 avril auprès du doyen des juges d'instruction une plainte pour détention arbitraire et traitement inhumain et dégradant.

En février, l'administration kurde a annoncé, en coordination avec l'ONU, son intention de vider d'ici fin 2025 les camps du nord-est de la Syrie des déplacés syriens et irakiens, y compris les proches présumés de jihadistes.

La France, frappée par des attentats jihadistes fomentés par l'EI, notamment en 2015, a cessé les rapatriements à l'été 2023 après avoir mené quatre opérations en un an, malgré plusieurs condamnations internationales dont celle en 2022 de la Cour européenne des droits de l'Homme.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.