Lundi 10 juillet 2023 à 11h58
Vilnius, 10 juil 2023 (AFP) — Joe Biden à Londres, Jens Stoltenberg en Turquie: des dirigeants clés de l'Otan se rencontrent lundi, à la veille d'un sommet crucial à Vilnius, dominé par la réponse de l'Alliance atlantique à la guerre menée par la Russie en Ukraine, et les demandes d'adhésion de Kiev et de Stokholm.
Alors qu'un nouveau bombardement russe sur un centre de distribution d'aide humanitaire à Orikhiv (centre) a fait au moins quatre morts lundi et que la contre-offensive ukrainienne est à la peine, les membres de l'Alliance entendent donner des garanties de leur engagement à défendre l'Ukraine.
Kiev a revendiqué lundi avoir repris 14 km2 la semaine dernière, soit 193 km2 depuis début juin.
Arguant qu'il est crucial que l'Ukraine rejoigne le parapluie protecteur de l'Otan pour dissuader Moscou de lancer de nouvelles offensives à l'avenir, l'Ukraine mais aussi les pays de l'est de l'Europe réclament une feuille de route claire au sommet de l'Otan en Lituanie qui s'achèvera mercredi.
Mais Washington et Berlin sont réticents à l'idée d'aller beaucoup plus loin qu'une promesse faite par l'Otan que l'Ukraine adhèrerait un jour, sans précision de calendrier.
Et Joe Biden l'a dit clairement: "Je ne pense pas qu'elle soit prête à faire partie de l'Otan", a-t-il balayé dans une interview à la chaîne américaine CNN à propos de l'Ukraine, soulignant également qu'il n'y avait pas d'unanimité parmi les alliés sur la perspectives de faire entrer Kiev "au beau milieu d'une guerre". "Nous serions en guerre contre la Russie, si c'était le cas", a-t-il alerté.
Mais pour montrer leur soutien, plusieurs poids lourds de l'Otan négocient de possibles engagements de fournitures d'armes sur le long terme à Kiev.
- Bombes à sous-munitions critiquées -
Les promesses d'armes viendraient en complément des dizaines de milliards de dollars d'équipements déjà livrés à l'Ukraine depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, il y a un peu plus de 500 jours.
En attendant, l'Ukraine a d'ores et déjà obtenu vendredi de Washington la promesse de lui livrer des bombes à sous-munitions, une arme très controversée.
Ces armes, interdites dans de nombreux pays, sont vivement critiquées car elles tuent à l'aveugle en dispersant des petites charges explosives avant ou après l'impact et sont accusées de faire de nombreuses victimes civiles collatérales.
Le président américain Joe Biden, qui a défendu sa décision "difficile", est arrivé lundi à Londres pour rencontrer le Premier ministre britannique Rishi Sunak, qui a appelé samedi à "décourager" l'utilisation de ces armes interdites par la convention d'Oslo de 2008 signée par son pays.
La Russie a, elle, taclé un "aveu de faiblesse".
La guerre en Ukraine, qui a démarré le 24 février 2022 par une invasion russe, a fait 9.000 morts parmi les civils, dont 500 enfants, selon l'ONU qui estime que le bilan des victimes pourrait être bien plus élevé.
- Stoltenberg optimiste pour la Suède -
Autre dossier épineux qui empoisonne l'Otan: l'adhésion de la Suède, qui veut devenir le 32e membre de l'Alliance, à laquelle s'oppose le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Ce dernier rencontre le Premier ministre suédois Ulf Kristersson pour d'ultimes tractations, en présence du secrétaire général de l'Alliance, Jens Stoltenberg, qui a dit espérer une issue positive à ces pourparlers.
La Suède est "invitée" à l'Alliance depuis juin 2022, mais sa candidature est bloquée par la Turquie. La Hongrie a dit qu'elle accepterait en cas de feu vert d'Ankara.
M. Erdogan reproche à la Suède sa mansuétude présumée envers les militants kurdes réfugiés dans le pays scandinaves et réclame des dizaines d'extraditions de militants qu'elle qualifie de "terroristes".
Plusieurs condamnations de militants kurdes ont été prononcées en Suède à la suite d'un durcissement de la législation suédoise entrée en vigueur en juillet 2022, permettant notamment de faciliter les poursuites en matière de "financement du terrorisme".
Mais une manifestation en Suède la semaine dernière, au cours de laquelle des pages du Coran ont été brûlées, a attisé la colère du président turc.
La Suède et sa voisine la Finlande ont mis fin à des décennies de non-alignement militaire et demandé à rejoindre l'Otan à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
La Finlande a officiellement rejoint l'Alliance en avril.
Il y a un an, lors du précédent sommet de l'Otan à Madrid, il a fallu des heures de négociation pour arracher à Erdogan un soutien à l'invitation initiale à Stockholm.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.