Mercredi 20 septembre 2006 à 13h27
ANKARA, 20 sept 2006 (AFP) — Quatre-cent-cinq soldats de l'armée turque ont été acquittés lundi pour manque de preuves par un tribunal turc qui les jugeait depuis près de trois ans pour viols collectifs et torture d'une détenue kurde, a-t-on appris mercredi de l'avocate de la plaignante, Reyhan Yalçindag.
Le procès controversé qui s'était ouvert en octobre 2003 à Mardin, province du sud-est de la Turquie peuplée majoritairement de kurdes, avait par la suite été à transféré à Sungurlu (nord) pour des raisons de sécurité.
La victime présumée --présentée par ses seules initiales, S.E. --, âgée aujourd'hui de 34 ans et vivant actuellement en Allemagne, s'est plainte d'avoir été violée et soumise à des mauvais traitements répétés de la part de soldats alors qu'elle était en garde à vue à trois reprises entre 1993 et 1994 dans des postes de l'armée à Mardin.
L'ex-détenue, qui n'a jamais été condamnée, avait dû être hospitalisée après les derniers sévices présumés.
405 militaires (341 simples soldats et 64 gradés) servant dans ces postes à l'époque avaient été accusés dans l'acte du procureur.
La plupart d'entre eux ont achevé leur service militaire -obligatoire en Turquie- depuis les faits, selon Me Yalçindag.
"Le verdict n'est pas une surprise, nous allons faire appel", a expliqué à l'AFP l'avocate, qui a affirmé que "le seul fait de déplacer le procès est une flagrante violation des droits de la défense".
Si nécessaire, a-t-elle ajouté, les défenseurs de la plaignante saisiront la Cour européenne des droits de l'Homme.
La sentence a été rendue en l'absence des avocats qui ont refusé de se rendre à Sungurlu, a précisé Me Yalçindag qui a son bureau à Diyarbakir, principale ville du sud-est anatolien.
S.E., qui a souffert de graves problèmes psychologiques, a émigré dans l'ouest de la Turquie et l'Allemagne lui a ensuite accordé un droit d'asile.
Le sud-est de la Turquie est le théâtre depuis 1984 d'une rébellion séparatiste kurde dont le summum était les années 1990. Le conflit kurde en Turquie a fait plus de 37.000 morts.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.