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Dégradations au Conseil de l'Europe: prison ferme pour 17 militants kurdes


Vendredi 5 avril 2019 à 01h08

Strasbourg, 4 avr 2019 (AFP) — Dix-sept militants kurdes ont été condamnés jeudi soir par le tribunal correctionnel de Strasbourg à des peines de prison ferme allant d'un mois à un an de prison pour de coûteuses dégradations au Conseil de l'Europe, a-t-on appris auprès de leurs avocates.

Les peines les plus sévères ont été prononcées à l'encontre de trois prévenus : l'un car il a été considéré comme "l'organisateur" du rassemblement qui a débouché sur les dégradations; les deux autres pour dégradations et violences envers des policiers, ont indiqué à l'AFP leurs avocates Florence Dole et Sendegul Aras au terme de près de neuf heures d'audience en comparution immédiate.

Les autres prévenus ont écopé de peines allant de un à six mois ferme, selon la même source.

Ils sont tous ressortis libres et devront éventuellement purger leur peine en Allemagne, a précisé Me Aras, qui parle d'un jugement "équilibré".

L'ensemble des prévenus, à l'exception d'un Français, vivent en Allemagne et ont été en outre été interdits de territoire français pendant deux ans par le tribunal, a indiqué Me Dole.

Ils devront indemniser solidairement le Conseil de l'Europe, qui avait chiffré les dégradations à 296.000 euros, selon les deux conseils.

Ces peines sont inférieures aux réquisitions du ministère public qui avait réclamé d'un an à 18 mois de prison avec mandats de dépôt.

Les faits remontent au 25 février dernier. Une quarantaine de militants kurdes réclamant la libération de leur chef historique Abdullah Öcalan, emprisonné en Turquie, avaient été interpellés après des dégradations commises sur l'Agora, un bâtiment du Conseil de l'Europe qui abrite le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT).

Cet organe se prononce régulièrement sur les conditions de détention de M. Öcalan, emprisonné dans un isolement quasi total depuis 20 ans sur l'île-prison d'Imrali, au large d'Istanbul.

De très nombreuses vitres, dont certaines blindées, avaient été endommagées, notamment par des jets de pavés et de fusées pyrotechniques. Selon l'organisation paneuropéenne, il s'agissait du troisième incident similaire depuis l'été 2018.

A la barre, la plupart des prévenus -- deux femmes et quinze hommes de 19 à 32 ans, dont sept comparaissaient détenus --, ont affirmé ne pas être venus avec la volonté de "commettre des dégradations" mais pour rendre visite aux militants kurdes qui ont entamé mi-décembre une grève de la faim devant le Conseil de l'Europe.

Affirmant encore avoir été émus par l'état de santé des grévistes, ils ont alors voulu entrer dans l'Agora pour dialoguer avec des représentants du CPT, ont-ils fait valoir.

"Le tribunal a rappelé que les peines sont sévères au regard de la gravité des faits et de la volonté manifeste des participants d'entrer de force dans l'Agora pour engager un bras de fer avec le CPT", a expliqué Me Dole.

Des milliers de Kurdes défilent traditionnellement chaque année en février à Strasbourg pour réclamer la libération d'Abdullah Öcalan, chef de la rébellion kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) arrêté le 15 février 1999.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.