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Décision attendue dans le procès de sept militants de l'ultragauche pour association de malfaiteurs terroriste


Vendredi 22 decembre 2023 à 03h50

Paris, 22 déc 2023 (AFP) — Le tribunal correctionnel de Paris rend vendredi sa décision dans le procès pour association de malfaiteurs terroriste de sept sympathisants d'ultragauche soupçonnés d'avoir fomenté une action violente contre les forces de l'ordre.

Les sept prévenus, six hommes et une femme, ont comparu du 3 au 27 octobre.

Lors du procès, le Parquet national antiterroriste (Pnat) a requis à leur encontre des peines de deux ans d'emprisonnement avec sursis à six ans ferme. Une interdiction de détenir une arme pendant dix ans a été également requise à l'encontre de tous les prévenus ainsi que, pour certains, une amende de 1.500 euros.

La peine la plus lourde a été demandée pour Florian D., militant libertaire de 39 ans qui a combattu en 2017 auprès des Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) au Rojava, dans le nord-est de la Syrie, contre le groupe jihadiste Etat islamique.

Dans leurs réquisitions, les deux procureurs du Pnat ont insisté sur le rôle central de cet homme dans le dossier, seul "dénominateur commun" des autres prévenus.

En effet, s'il connaissait tous les autres protagonistes, certains d'entre eux ne s'étaient jamais vus avant d'avoir été mis en cause dans cette affaire.

"Il s'agit moins d'un groupe que d'un homme radicalisé qui a agrégé ses camarades", selon le ministère public.

Lors des débats, les prévenus ont contesté ces accusations. Dans ses plaidoiries, un des deux avocats de Florian D., Me Raphaël Kempf, a raillé "l'effilochement de ce dossier d'un groupe à un homme" et dénoncé le "récit" construit par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et le Pnat.

A l'origine de l'affaire figure un rapport du renseignement intérieur sur un projet d'action violente fomenté par des militants d'ultragauche, et notamment par Florian D., rentré de la zone irako-syrienne en janvier 2018.

- Surveillance et écoutes -

Après plusieurs mois de surveillance et d'écoutes, les suspects sont interpellés le 8 décembre 2020 en divers endroits de France puis mis en examen. Lors des perquisitions, les forces de l'ordre retrouvent des produits servant à fabriquer des explosifs et des armes.

Pour l'accusation, les prévenus se sont livrés à des "entraînements de progression tactique et de tir" et ont fabriqué et testé des explosifs en vue de s'en prendre à des policiers ou des militaires.

Dans leur ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, les juges antiterroristes ont toutefois souligné qu'aucun passage à l'acte imminent n'avait été envisagé.

Reconnaissant avoir fait des essais d'explosifs et quelques parties d'airsoft, les prévenus ont raconté des séances "ludiques" menées notamment pendant le confinement, sans aucune intention malveillante.

"En fait, on était des +débilos+ qui s'amusaient à faire des gros pétards, on ne savait pas ce que ça allait donner exactement", avait déclaré Florian D. au procès au sujet des essais d'explosifs, racontant qu'à un moment, l'une de ces tentatives avait fini par faire "un gros boum" qui leur avait à tous "fait peur" et les avait dissuadés de poursuivre.

Les avocats de la défense ont plaidé la relaxe pour l'infraction d'association de malfaiteurs terroriste.

Avant cette affaire, la dernière saisine connue de la justice antiterroriste pour des faits liés à l'ultragauche remonte à l'affaire de Tarnac (Corrèze) en 2008, pour des soupçons de sabotage de lignes TGV.

Mais les qualifications terroristes, objet d'un âpre débat, avaient été abandonnées par la justice avant le procès, qui s'était conclu en 2018 par une relaxe quasi générale. "+Le groupe de Tarnac+ était une fiction", avait conclu la présidente du tribunal.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.