Page Précédente

Décès du prince des Yazidis, minorité persécutée par l'EI en Irak


Lundi 28 janvier 2019 à 11h48

Erbil (Irak), 28 jan 2019 (AFP) — Le prince des Yazidis, la communauté la plus persécutée par les jihadistes en Irak, est mort à 85 ans dans un hôpital allemand, ont indiqué lundi des responsables du Kurdistan irakien.

"C'est avec une grande tristesse que nous annonçons la mort du prince Tahsin Saïd Ali des suites d'une longue maladie", est-il indiqué dans un communiqué de Kheiri Bozani, en charge des affaires yazidies au sein du gouvernement kurde irakien.

Succédant à son père en 1944, le prince Tahsin était devenu à l'âge de 11 ans le chef religieux des Yazidis, qui vivent majoritairement en Irak dans les coins reculés des montagnes du nord.

Il s'était installé en Allemagne, qui abrite la deuxième plus importante communauté yazidie au monde, après l'Irak, où se trouve le temple de Lalish (au nord de Mossoul), centre spirituel de la minorité.

Il devrait être enterré prochainement en Irak, a indiqué son fils à des médias locaux.

Les Yazidis sont kurdophones et adeptes d'une religion ésotérique monothéiste dépourvue de livre sacré et organisée en castes. Ils vénèrent sept anges dont le principal est Melek Taous ("l'Ange-Paon"), ce qui leur a valu depuis des siècles d'être persécutés par les extrémistes, qui les considèrent comme "satanistes".

En août 2014, lorsque l'EI s'est emparé d'un tiers de l'Irak, notamment du foyer historique des Yazidis sur les monts Sinjar (nord), les jihadistes ont tué des hommes, transformé en enfants-soldats les plus jeunes et condamné des milliers de femmes aux travaux forcés et à l'esclavagisme sexuel. Ceci s'apparente, selon des experts de l'ONU, à un "génocide potentiel".

Selon le ministère des Affaires religieuses de la région autonome du Kurdistan irakien, plus de 6.400 Yazidis ont été enlevés et seuls 3.200 sont parvenus à s'échapper ou ont été secourus. Le sort des autres est toujours inconnu.

Sur les 550.000 Yazidis en Irak avant la percée jihadiste, près de 100.000 ont quitté le pays et d'autres sont déplacés au Kurdistan.

Aujourd'hui, leur principale porte-parole est Nadia Murad, prix Nobel de la paix, ancienne esclave sexuelle de l'EI qui combat désormais aux côtés de l'avocate et militante des droits humains libano-britannique Amal Clooney pour que les crimes jihadistes soient jugés.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.