
Mardi 16 decembre 2025 à 11h09
Paris (France), 16 déc 2025 (AFP) — Le procès d'une Française qui avait rejoint l'organisation Etat islamique (EI) en Syrie en 2014, avant plus de quatre ans de captivité dans des camps et son rapatriement en juillet 2022, s'est ouvert mardi devant la cour d'assises spéciale de Paris.
Carole Sun est poursuivie pour terrorisme, pour participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un crime d'atteinte aux personnes, dans un dossier comportant un volet financier portant sur des détournements de fonds d'associations.
Née à Argenteuil en région parisienne en 1995 d'une mère catholique non pratiquante, l'accusée à l'adolescence marquée par un viol collectif quitte les Yvelines en juillet 2014 avec son frère d'un an son aîné. Ils rallient ensemble la Syrie via la Turquie.
Lui sera enrôlé comme combattant puis rejoindra la police islamique. Elle épousera en premières noces un homme décrit pendant l'instruction comme un "jihadiste sanguinaire", puis un cadre d'un service de renseignement du groupe EI, habitant successivement al-Bab et Raqqa.
Fin 2017, au moment où le groupe EI est en pleine déroute, Carole Sun fuit le long de l'Euphrate. Elle est arrêtée par les forces kurdes, avec ses enfants nés sur zone. Dans le convoi, figurent d'autres femmes jihadistes connues.
Carole Sun est ensuite internée dans un camp de déplacés et de jihadistes présumés du nord-est de la Syrie.
Il y aura le camp d'Al-Hol, puis, quinze jours plus tard celui de Roj où elle passera le reste de sa captivité avec ses deux jeunes enfants, avant son retour en France en juillet 2022.
Ce 5 juillet, la France rapatrie 35 mineurs et 16 mères. Parmi elles aussi, Emilie König, Bretonne soupçonnée d'avoir agi comme recruteuse pour l'EI.
Il s'agissait du premier rapatriement massif d'enfants et de leurs mères depuis la chute en 2019 du "califat" du groupe EI, d'où avaient été notamment planifiée la vague d'attaques sanglantes du 13 novembre 2015 en France.
Pendant ces années dans les camps imprégnés de tensions idéologiques et émaillées de violences, feux de tentes, tentatives d'évasion et maladies, elle passe environ huit mois dans une prison, avec ses enfants. Il lui est reproché d'avoir tenté d'introduire des composants d'engins explosifs dans le camp.
La possession d'un téléphone lui vaudra une seconde incarcération, cette fois dans la prison du camp de Roj.
Le procès doit durer jusqu'à jeudi.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.