Page Précédente

Dans le sud-est turc, des habitants découvrent leur ville dévastée après 19 jours de couvre-feu


Mercredi 30 decembre 2015 à 15h16

DARGECIT (Turquie), 30 déc 2015 (AFP) — Bâtiments en ruines, véhicules brûlés, cadavres d'animaux en décomposition: les habitants de Dargecit, ville à majorité kurde du sud-est de la Turquie, ont commencé à regagner leurs maisons mercredi à la faveur de la levée d'un couvre-feu imposé depuis 19 jours.

A Dargecit dans la province de Mardin, comme dans plusieurs autres villes du sud-est anatolien, le couvre-feu avait été instauré le 11 décembre pour permettre à l'armée de lancer une vaste opération destinée à déloger les rebelles kurdes des centres urbains.

Mercredi, l'urgence pour les habitants de Dargecit était d'enlever des rues les cadavres d'ânes et d'animaux de ferme pourrissant à l'air libre, a constaté un photographe de l'AFP.

Certains arpentaient avec amertume les rues boueuses de leur ville, inspectant les carcasses de véhicules brûlés et les murs des maisons encore debout.

Malgré la levée du couvre-feu, les forces spéciales de police maintenaient une forte présence dans la ville, où des centaines de personnes assistaient mercredi aux funérailles d'un homme tué dans les combats.

Les autorités ont affirmé avoir saisi deux tonnes d'explosifs et de nombreuses armes pendant le couvre-feu. Selon les médias officiels, au moins 22 "terroristes" ont été tués dans des combats.

Au total, l'armée turque affirme avoir tué plus de 200 militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) lors de l'opération. Un bilan invérifiable de source indépendante.

Mais selon les opposants du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde), les principales victimes du conflit, qui a repris l'été dernier entre les forces armées et la rébellion kurde, ont été les civils, avec 360 tués parmi lesquels 61 enfants et 73 femmes.

"Contrairement aux affirmations selon lesquelles ils s'agirait de garantir la paix et la sécurité, les autorités créent la peur et la terreur parmi la population, tuant sans compter des civils et détruisant l'héritage culturel", a affirmé mercredi le HDP dans un communiqué.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.