Vendredi 12 juillet 2024 à 05h01
Damas, 12 juil 2024 (AFP) — A Damas, les portraits des dizaines de candidats ont été placardés à tous les coins de rue avant les élections législatives prévues lundi en Syrie, dont les résultats ne devraient pas bouleverser le paysage politique dominé par le parti du président Bachar al-Assad.
Les législatives ont lieu tous les quatre ans et le parti Baas, au pouvoir depuis 1963, remporte toujours la majorité des 250 sièges. Ce scrutin est le quatrième qui se tient depuis le déclenchement de la guerre civile en 2011, en l'absence d'opposition réelle.
Sur les affiches de campagne, de nombreux candidats promettent une amélioration des conditions de vie, dans un pays ravagé par plus de 13 ans d'un conflit dévastateur ayant plongé la majorité des Syriens sous le seuil de pauvreté selon l'ONU.
"Ensemble pour soutenir les petits projets", peut-on lire sur l'affiche d'un candidat, au milieu d'une place du centre de Damas. A côté, celle d'un autre promet "une économie prospère".
"Il y a de nouvelles têtes, mais aussi des visages que nous avons l'habitude de voir" à chaque échéance, a déclaré à l'AFP Fawaz Hanna, 56 ans, devant son studio de photographie à Damas.
"On demande juste à pouvoir gagner notre vie... et aux candidats d'être à la hauteur de leurs slogans et de tenir leurs promesses", souligne-t-il.
La guerre a fait plus d'un demi-million de morts et donné lieu à la plus grande crise de déplacement au monde, avec 13,8 millions de personnes toujours déplacées de force à l'intérieur et à l'extérieur du pays, selon le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR).
L'opposition en exil a dénoncé dans un communiqué mercredi des élections "absurdes" qui "ne représentent que l'autorité au pouvoir".
Les pourparlers entre Damas et l'opposition organisés sous l'égide de l'ONU pour trouver un règlement politique ont échoué au fil des ans, laissant un pays fragmenté.
- Peu de femmes -
Le gouvernement contrôle la majeure partie de la Syrie, de vastes étendues du nord-est étant gérées par les autorités semi-autonomes kurdes tandis que des jihadistes et des groupes soutenus par la Turquie tiennent des parties du nord et du nord-ouest.
Damas a désigné des bureaux de vote pour les habitants de ces régions qui vivent à présent dans des zones sous contrôle du gouvernement.
Ceux des zones échappant au contrôle du gouvernement et les millions de réfugiés à l'étranger ne peuvent pas participer au vote.
Les sièges au Parlement sont répartis à parts relativement égales entre le secteur ouvrier et agricole (127 sièges) et le reste des catégories socioprofessionelles populaires (123 sièges).
Le nombre de candidats a atteint 8.953 personnes, dont 1.317 femmes, selon les autorités.
"Je n'ai pas assez de conscience politique pour savoir ce qui se passe lors des élections, mais je n'ai vu que deux portraits de candidates féminines", déclare à l'AFP Aya Jdid, étudiante de 22 ans à la faculté de communication de Damas, faisant remarquer que la plupart des candidats sont des hommes d'un âge avancé.
- Aller voter -
Dans un autre quartier de la capitale, une tente électorale a été dressée pour recevoir et écouter les revendications des électeurs. A côté, les portraits de candidats, pour la plupart des hommes d'affaires en costard.
"Je ne m'attends pas à des élections différentes des précédentes, ce sont les mêmes noms. Mais on exige qu'ils travaillent pour le bien du peuple, épuisé par des années de guerre", déclare Johnny Arbache.
"On suit les nouvelles sur le rapprochement avec l'Arabie saoudite, et peut-être même avec la Turquie, en espérant que cela se reflétera sur le travail du Parlement et les conditions de vie", ajoute-t-il.
L'année dernière, Damas a rétabli ses relations avec plusieurs pays du Golfe, l'Arabie saoudite en tête, après des années de gel, retrouvant même son siège au sein de la Ligue arabe.
Dimanche, le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé qu'il pouvait inviter "à tout moment" son homologue syrien en Turquie, un geste de réconciliation après plusieurs années de rupture.
Houssam Chahine, professeur de géographie, 40 ans, estime qu'il faut "voter au lieu de regarder et de critiquer", pour "faire progresser la vie constitutionnelle".
Pour Bachir, 33 ans, qui a préféré ne pas donner son nom, le résultat des élections est "joué d'avance", mais il dit vouloir exercer son droit au vote.
"Je vais donc glisser un bulletin blanc".
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.