Page Précédente

Crise en Irak: l'ONU réclame un "dialogue sans conditions préalables"


Lundi 10 octobre 2022 à 16h37

Bagdad, 10 oct 2022 (AFP) — La mission de l'ONU en Irak a réclamé lundi un "dialogue sans conditions préalables" entre les forces politiques du pays pour former un gouvernement et trouver une issue à une "crise prolongée qui engendre plus d'instabilité", un an jour pour jour après les dernières législatives.

L'Irak avait organisé le 10 octobre 2021 des législatives anticipées sous la pression d'une contestation populaire inédite, déclenchée à l'automne 2019 pour changer le système et dénoncer pêle-mêle politiciens corrompus, chômage des jeunes et déliquescence des infrastructures, dans un pays pourtant extrêmement riche en pétrole.

Un an plus tard, les mêmes barons de la politique ont conservé le pouvoir. Malgré des tractions interminables, ils n'ont pas réussi à s'entendre pour élire un nouveau président ni désigner un Premier ministre.

"Tous les acteurs doivent s'engager dans un dialogue sans conditions préalables", a exigé dans un communiqué la mission d'assistance des Nations unies pour l'Irak (Manui).

"Via le compromis, ils doivent s'accorder collectivement sur des issues essentielles (...) pour répondre aux besoins du peuple irakien et former un gouvernement efficace et doté des pleins pouvoirs. Le temps de l'action, c'est maintenant", ajoute le texte.

Ces derniers mois, le bras de fer entre les deux grands pôles politiques de la communauté musulmane chiite, majoritaire en Irak, n'a fait que s'aggraver.

D'un côté, l'imprévisible Moqtada Sadr réclame une dissolution du Parlement et des législatives anticipées.

De l'autre, le Cadre de coordination, alliance de factions chiites pro-Iran incluant les ex-paramilitaires du Hachd al-Chaabi, veut un nouveau gouvernement avant tout scrutin.

- "Choisir un président" -

Le Cadre de coordination a approuvé l'appel de l'ONU, réitérant dans un communiqué "sa disposition à dialoguer avec toutes les forces politiques", pour "former un gouvernement doté des pleins pouvoirs".

L'épreuve de force entre les partis chiites a atteint son paroxysme le 29 août, quand plus de 30 partisans sadristes ont été tués dans des combats contre l'armée et le Hachd al-Chaabi, intégré aux troupes régulières.

"La crise prolongée engendre plus d'instabilité, comme en témoignent les récents événements", a affirmé la mission onusienne, soulignant qu'il était "impératif" d'adopter "avant la fin de l'année" le nouveau budget 2023.

L'ambassade de France en Irak a apporté son soutien à la Manui dans un communiqué, appelant "urgemment toutes les parties prenantes à s'investir dans un vrai dialogue sans préconditions et avec une volonté sincère de compromis."

Outre les tensions intra-chiites visant à désigner un Premier ministre, l'autre pierre d'achoppement est l'élection, par les députés, d'un président de la république. En raison, cette fois, des divergences entre les deux partis historiques des Kurdes.

Le poste, hautement honorifique et traditionnellement réservé à un Kurde, revient à l'Union patriotique du Kurdistan (UPK). Mais le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) convoite la présidence.

Lundi le président du Parlement Mohamed al-Halboussi et des responsables du Cadre de coordination ont été reçus par le chef historique du PDK, Massoud Barzani.

Ils ont évoqué "les négociations menées pour tenir la prochaine séance parlementaire, choisir un président et former un gouvernement", selon un communiqué des services de M. Barzani.

L'Irak a engrangé cette année des revenus faramineux grâce aux exportations pétrolières. Mais ces richesses dorment dans les caisses de la Banque centrale, où les réserves en devises étrangères ont atteint 87 milliards de dollars.

Car pour investir cet argent, il faudrait un nouveau gouvernement capable de présenter au Parlement un budget, une prérogative que n'a pas l'actuel Premier ministre, Moustafa al-Kazimi, chargé depuis un an de gérer les affaires courantes.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.