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Controverse entre Berlin et Ankara autour de l'expulsion de migrants


Vendredi 27 septembre 2024 à 22h11

Berlin, 27 sept 2024 (AFP) — Le gouvernement allemand a annoncé vendredi vouloir, avec l'assentiment d'Ankara, accélérer les expulsions dans leur pays de migrants turcs sans titre de séjour, un accord démenti dans la foulée par le gouvernement du président Erdogan.

"Nous avons obtenu que les renvois vers la Turquie soient plus rapides et plus efficaces et que la Turquie réadmette plus rapidement les citoyens qui ne peuvent pas rester en Allemagne", a affirmé sur X la ministre allemande de l'Intérieur Nancy Faeser, sans plus détail sur les arrangements convenus avec Ankara.

Cette annonce est intervenue en pleine offensive du gouvernement d'Olaf Scholz contre l'immigration illégale, dans un contexte de progression électorale de l'extrême droite dans le pays.

"C'est un grand progrès et un élément supplémentaire pour limiter la migration irrégulière. Car le nombre de demandeurs d'asile turcs est élevé, alors qu'il n'y a pas de motif de protection en Allemagne dans un cas sur dix", a ajouté la ministre dans une interview au groupe de journaux Funke.

Selon le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), ce sont le chancelier Olaf Scholz et le président turc Recep Tayyip Erdogan qui ont conclu, après plusieurs mois de négociations, un accord pour augmenter massivement les expulsions de ressortissants turcs déboutés de l'asile.

Mais dans la soirée, le ministère turc des Affaires étrangères a nié l'existence d'un tel accord.

"Les informations de la presse allemande concernant le retour de nos citoyens qui n'ont pas d'autorisation légale de résider en Allemagne ne correspondent pas à la vérité", a dit sur X un porte-parole du ministère.

"Aucune pratique de déportation de masse de nos citoyens n'a été autorisée" et "la question n'a pas été au programme de la rencontre entre le président (turc) et le chancelier Scholz à New York le 23 septembre", a ajouté le porte-parole.

D'après le quotidien FAZ, Berlin a enclenché le renvoi, via des vols réguliers, d'un premier groupe de 200 Turcs séjournant illégalement en Allemagne. Le quotidien affirme que la Turquie est prête à accepter "jusqu'à 500 ressortissants par semaine".

Cette évolution, si elle se confirmait, interviendrait au moment où la lutte contre l'immigration irrégulière est revenue au premier plan des préoccupations politiques en Allemagne, comme ailleurs dans l'UE.

Le gouvernement Scholz est sous pression après une série de crimes violents et d'attaques extrémistes, qui ont alimenté la montée du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD).

Une série de mesures visant à durcir la politique d'immigration ont été annoncées ces dernières semaines.

La Turquie est cette année le troisième pays d'origine des demandeurs d'asile en Allemagne, après la Syrie et l'Afghanistan, selon le ministère de l'Intérieur. La plupart des demandeurs déclarent appartenir à la minorité kurde, indique la FAZ.

La grande majorité d'entre eux n'obtenant pas de mesure de protection au titre de l'asile, plus de 15.000 Turcs sont actuellement sous le coup d'une mesure d'éloignement du territoire. Moins de 900 ont été expulsés vers la Turquie l'année dernière, rapporte le journal FAZ.

La première économie européenne abrite la plus grande diaspora d'origine turque au monde, soit environ 2,8 millions de personnes, issues des flux d'immigration de travail des années 1960 et 1970.

smk-ach-ylf/fjb

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.