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Contestation en Iran: deux journalistes accusées de "propagande" (officiel)


Mardi 8 novembre 2022 à 12h32

Téhéran, 8 nov 2022 (AFP) — Deux journalistes iraniennes, en détention depuis plus d'un mois, ont été accusées de "propagande" contre la République islamique, a annoncé mardi l'Autorité judiciaire dans un contexte de manifestations de protestation qui se poursuivent depuis la mi-septembre.

L'Iran est le théâtre d'un mouvement de contestation déclenché par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une jeune femme arrêtée trois jours auparavant par la police des moeurs qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire de la République islamique, imposant notamment le port du voile en public.

Niloufar Hamedi et Elaheh Mohammadi "sont en détention provisoire pour propagande contre le système et complot en vue d'agir contre la sécurité nationale", a déclaré le porte-parole de la justice, Massoud Sétayechi, dans sa conférence de presse hebdomadaire à Téhéran.

Arrêtée le 20 septembre, la photojournaliste Niloufar Hamedi, 30 ans, du journal Shargh, s'était rendue à l'hôpital où Mahsa Amini se trouvait dans le coma avant de décéder.

Interpellée le 29 septembre, Elaheh Mohammadi, 35 ans, reporter pour le quotidien Ham Mihan, s'était pour sa part rendue à Saghez (province du Kurdistan), pour couvrir les funérailles de la jeune femme et où avait aussi eu lieu l'une des premières manifestations.

Le quotidien réformateur Sazandegi a rapporté fin octobre que "plus de 20 journalistes étaient toujours en détention", notamment à Téhéran, mais aussi dans d'autres villes. Plusieurs autres ont été convoqués par les autorités, ajoute le journal.

Plus de 300 journalistes et photojournalistes iraniens ont critiqué le 30 octobre les autorités pour avoir "arrêté [leurs] confrères et les avoir privés de leurs droits" notamment l'"accès à leurs avocats".

Des dizaines de personnes, principalement des manifestants mais aussi des membres des forces de sécurité, ont été tuées depuis le début de la contestation. Des centaines d'autres ont été arrêtées lors des manifestations, qualifiées généralement d'"émeutes" par les autorités.

"Les gens, même parmi ceux qui protestent, demandent que le pouvoir judiciaire traite de manière ferme les quelques personnes qui ont provoqué des troubles et commis des crimes, bien entendu dans le plein respect de la loi musulmane et des normes juridiques. Et le système judiciaire agira sur cette base", a ajouté M. Sétayechi.

Plus de 2.000 personnes ont été inculpées, dont la moitié à Téhéran, depuis le début des manifestations, selon les chiffres officiels fournis par la justice iranienne.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.