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Contestation au Kurdistan d'Irak: des centaines de personnes toujours détenues (députée)


Mardi 26 decembre 2017 à 14h52

Souleimaniyeh (Irak), 26 déc 2017 (AFP) — Au moins "600 personnes" ont été arrêtées depuis le début d'une vague de contestation contre le gouvernement régional du Kurdistan irakien accusé de corruption, et des centaines seraient toujours détenues, ont indiqué mardi des députés kurdes.

Parmi les personnes arrêtées depuis le 18 décembre, "250 à 300" sont toujours retenues dans la province de Souleimaniyeh, la deuxième plus importante de cette région autonome, "sans aucune base légale", a accusé la députée kurde Sarwa Abdul Wahid, cheffe de file du parti d'opposition kurde Goran au Parlement fédéral à Bagdad.

Elles "n'ont pas été présentées à un juge et n'ont vu ni leur famille ni des avocats", a-t-elle encore affirmé, assurant que les détenus, en majorité des jeunes partisans de Goran selon elle, faisaient l'objet de mauvais traitements.

Hoshyar Abdallah, lui aussi député kurde, a de son côté évoqué des "centaines d'arrestations".

Le frère de Mme Abdul Wahid, Shashwar Abdul Wahid, ex-patron de la célèbre télévision kurde NRT et fondateur d'un mouvement contestataire, avait été arrêté à son arrivée à Souleimaniyeh il y a une semaine.

Mardi, "un juge a décidé de sa libération sous caution", a indiqué son avocat Reybass Mahmoud, alors que des cadres de NRT, dont la diffusion a été suspendue, ont été relâchés ces derniers jours.

Le 18 décembre, un mouvement de contestation a éclaté dans la province de Souleimaniyeh contre le gouvernement régional basé à Erbil, capitale et rivale de Souleimaniyeh, et accusé de "corruption".

A Rania, une ville à 130 km au nord-ouest de Souleimaniyeh à la pointe de la contestation, cinq manifestants avaient été tués il y une semaine par les forces de l'ordre et des dizaines blessés.

Les manifestations se sont faites plus rares ces derniers jours, en raison d'un important déploiement de policiers et de blindés, font valoir les militants.

Toujours au sein du parti Goran, qui compte 24 des 111 membres du Parlement régional kurde, le chef de cette assemblée, Youssef Mohammad, a annoncé sa démission lors d'une conférence de presse à Souleimaniyeh mardi.

Depuis deux ans, il n'exerçait plus ses fonctions en raison de différends politiques qui paralysent depuis 2015 le Parlement kurde. Il a assuré lors de cette conférence avoir fait l'objet de "menaces de mort", sans toutefois en préciser l'origine.

La région autonome, qui affichait il y a encore peu sa fierté pour sa richesse et sa stabilité pendant que le reste de l'Irak sombrait dans le chaos, se trouve aujourd'hui dans une crise profonde.

Le référendum d'indépendance du 25 septembre initié par l'ex-président Massoud Barzani, mais rejeté avec force par le pouvoir central à Bagdad et la communauté internationale, s'est terminé en fiasco malgré la victoire massive du oui.

Déjà criblé de dettes, le Kurdistan irakien a de plus perdu une bonne partie des régions pétrolières qu'il contrôlait, reprises par les forces fédérales après le référendum.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.