Page Précédente

Condoleezza Rice appelle au partage équitable des ressources irakiennes


Vendredi 6 octobre 2006 à 20h06

ERBIL (Irak), 6 oct 2006 (AFP) — La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice s'est rendue vendredi au Kurdistan irakien, pour appeler les Kurdes à respecter un partage équitable des ressources nationales après avoir demandé au gouvernement à Bagdad d'agir pour mettre fin aux violences.

Elle a quitté l'Irak en début d'après-midi à destination de Londres pour une réunion sur le nucléaire iranien.

Dernière étape d'une brève visite impromptue en Irak, Mme Rice s'est entretenue à Erbil (nord) avec le président de la région autonome kurde d'Irak Massoud Barzani, souvent prompt à invoquer le droit du Kurdistan à disposer de ses propres ressources et à évoquer un recours à la sécession.

Les entretiens d'Erbil, capitale du Kurdistan, visaient à convaincre les dirigeants de cette région de soutenir un projet de loi en discussion à Bagdad, prévoyant un partage des ressources pétrolières entre tous les Irakiens.

"Nous pensons que le pétrole doit être une ressource partagée par l'ensemble du peuple irakien", a dit Mme Rice aux journalistes qui l'accompagnaient.

"Notre point de vue (...) est que le pétrole doit être un facteur d'unification et non une ressource qui conduirait à un pays moins uni", a-t-elle ajouté. Le Kurdistan dispose d'importantes ressources pétrolières.

Lors d'une conférence de presse commune à Erbil, où il n'y avait que deux drapeaux - celui du Kurdistan et celui des Etats-Unis, mais pas celui de l'Irak-, M. Barzani a affirmé que le Kurdistan était favorable à "une distribution équitable des ressources pétrolières sur tout le territoire national, comme cela est inscrit dans la Constitution irakienne".

Un vote est attendu dans les prochains jours à Bagdad sur un projet de loi controversé instaurant le fédéralisme, soutenu par les Kurdes et les chiites mais contesté par les sunnites.

Ces derniers craignent d'être isolés car leurs régions, situées essentiellement dans l'ouest du pays, sont largement désertiques et privées de pétrole. Ils veulent que le fédéralisme respecte un partage équitable des richesses, en premier lieu le pétrole.

Fin septembre, le Premier ministre de la région kurde autonome d'Irak, Nechirvan Barzani, avait affirmé que les Kurdes voulaient être maîtres de leur pétrole et averti que toute interférence extérieure ne pourrait que raviver les appels à l'indépendance du Kurdistan.

Le Parlement autonome kurde a également entamé en septembre la lecture d'un projet de constitution kurde dans lequel il revendique notamment la riche région pétrolière de Kirkouk et s'octroie le droit à l'autodétermination s'il la juge justifiée.

Un couvre-feu total d'une durée indéterminée a d'autre part été imposé vendredi à Kirkouk, qui ne fait pas partie actuellement du Kurdistan, pour permettre aux forces de sécurité de mener des opérations antiterroristes. Ces derniers mois, une augmentation des attentats à la voiture piégée y a été observée.

Mme Rice avait sommé jeudi soir les dirigeants irakiens, dont le Premier ministre Nouri al-Maliki, d'agir rapidement pour mettre fin aux violences en Irak: "Notre rôle est de presser toutes les parties d'oeuvrer à un prompt règlement parce qu'il est évident que la situation sécuritaire ne peut être tolérée et que l'inaction politique ne l'aide pas".

M. Maliki a déclaré que les "massacres" perpétrés en Irak avaient "choqué la population".

La police de Bagdad a annoncé vendredi avoir retrouvé 35 corps portant des marques de tortures au cours des dernières 24 heures, témoignant des violences confessionnelles.

Jeudi soir, les corps d'un député kurde, Mohamed Reda Mohammed, et de son garde du corps ont été retrouvés criblés de balles. C'est la première fois qu'un député est enlevé et exécuté.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.