Page Précédente

Combats entre troupes irakiennes et kurdes près de Kirkouk


Lundi 16 octobre 2017 à 03h45

Kirkouk (Irak), 16 oct 2017 (AFP) — Des combats opposaient dans la nuit de dimanche à lundi militaires irakiens et kurdes au sud de la ville de Kirkouk, après que les troupes fédérales ont progressé dans la province disputée.

Peu avant, la télévision officielle avait annoncé que les troupes avaient repris "sans combat" aux peshmergas de "larges zones" de la province. Des sources militaires des deux côtés ont rapporté de violents échanges de tirs de roquettes Katiousha au sud du chef-lieu de la province.

Le Premier ministre Haider al-Abadi, qui répète depuis plusieurs jours ne pas vouloir "mener une guerre" contre les Kurdes, avait "donné des ordres aux forces armées pour faire régner la sécurité à Kirkouk en collaboration avec les habitants et les peshmergas", selon la télévision officielle.

Dans la nuit des combats ont toutefois éclaté, faisant plusieurs blessés parmi les peshmergas qui ont été hospitalisés à Kirkouk, a indiqué une source au sein des services de sécurité locaux.

- 'Sécuriser les installations' -

Les combats se concentrent sur la zone de Taza Khormatou, qui borde la ville de Kirkouk au sud. Elle est le verrou menant vers la base militaire "K1" et des champs pétrolifères plus au nord que les combattants kurdes avaient pris il y a trois ans, dans le chaos créé par la percée fulgurante du groupe Etat islamique (EI).

A côté de "K1" se trouve une raffinerie à la lisière nord-ouest de Kirkouk. Les troupes irakiennes entendent également reprendre l'aéroport mitoyen.

Les autorités d'Erbil ont assuré avoir toujours le contrôle de la base et de l'aéroport attenant.

Le gouvernement a indiqué que les troupes irakiennes avaient pour mission de "sécuriser les bases et les installations fédérales dans la province de Kirkouk".

M. Abadi a en outre précisé que les unités paramilitaires du Hachd al-Chaabi n'entreraient pas dans la ville de Kirkouk, où plusieurs manifestations dénonçant leur participation aux mouvements ont eu lieu.

"Les unités du contre-terrorisme (CTS), la 9e division blindée de l'armée, et la police fédérale ont repris le contrôle d'importantes zones de (la province de) Kirkouk sans combat", a indiqué un général des CTS.

Une source au sein des CTS a affirmé que ces unités avaient repris la zone industrielle de Kirkouk. Dans le même temps, la source de sécurité locale a annoncé que quatre véhicules militaires des forces irakiennes avaient brûlé dans une explosion.

Le gouverneur Najm Eddine Karim, limogé par Bagdad mais qui refuse de quitter son poste, a appelé les habitants à prendre les armes pour défendre leur ville.

Peu après, le vice-président kurde Kosrat Rassoul, qui se déplace avec des cohortes de peshmergas, arrivait, en tenue militaire, à Kirkouk.

Plus au sud, deux personnes ont été tuées dans des échanges de tirs d'artillerie à Toz Khormatou, à 75 km de Kirkouk, secouée chaque nuit depuis vendredi par des combats entre les peshmergas et les unités du Hachd al-Chaabi, a indiqué un médecin de l'hôpital de la ville.

Dans la soirée, un responsable kurde avait indiqué qu'une dizaine d'habitations de familles kurdes avaient été incendiées accusant des unités turkmènes, une importante communauté de la ville, du Hachd.

Ces combats interviennent après trois jours de face-à-face tendu entre troupes irakiennes et peshmergas kurdes et après l'expiration d'un délai supplémentaire accordé à ces derniers pour se retirer.

Depuis vendredi, les forces irakiennes avaient repris certaines bases désertées peu avant par les peshmergas.

- 'Déclaration de guerre' -

Les forces irakiennes se dirigent vers les champs de pétrole de Kirkouk, tenus par les forces du gouvernement à Bagdad jusqu'en 2008 pour celui de Khormala et 2014 pour ceux de Havana et Bay Hassan.

Ces trois champs fournissent 250.000 barils par jour sur les 600.000 b/j de pétrole produits par les Kurdes, dont 550.000 b/j sont exportés par le Kurdistan irakien contre l'avis de Bagdad.

Le Kurdistan, qui traverse la plus grave crise économique de son histoire, pourrait lourdement pâtir de la perte de ces champs qui assurent 40% de ses exportations pétrolières.

Plus tôt dimanche, le gouvernement irakien avait changé de ton en accusant les Kurdes de chercher à déclarer la guerre avec la présence dans la province disputée de Kirkouk de combattants du PKK, considéré comme "terroriste" par Ankara et Washington.

Le Conseil de la sécurité nationale, la plus haute instance de la Défense en Irak présidée par M. Abadi, avait dit dans un communiqué y voir "une déclaration de guerre".

Des responsables kurdes ont démenti une présence du PKK, mais l'un d'eux a reconnu qu'il y avait des "sympathisants" de cette formation à Kirkouk, des "volontaires" qui combattaient le groupe Etat islamique (EI).

La déclaration du Conseil de sécurité irakien a été rendue publique juste après une réunion des dirigeants kurdes qui ont refusé d'annuler le référendum d'indépendance comme condition à des négociations comme le réclame Bagdad.

Bagdad, en crise ouverte avec Erbil depuis la tenue le 25 septembre du référendum d'indépendance y compris dans des zones disputées comme Kirkouk, a multiplié les mesures économiques et judiciaires pour faire plier le Kurdistan.

Selon Erbil, l'Iran a en outre fermé sa frontière avec le Kurdistan, ce que Téhéran a démenti.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.