Vendredi 18 janvier 2013 à 08h44
ALEP (Syrie), 18 jan 2013 (AFP) — Des combats d'une violence sans précédent ont opposé combattants kurdes syriens pro-régime et groupes islamistes dans la localité syrienne de Rass al-Aïn frontalière de la Turquie, ont rapporté des habitants et un militant à l'AFP vendredi.
Les rebelles tiennent depuis novembre le poste-frontière de Rass al-Aïn dans le nord-est de la Syrie, et se déplacent librement entre les deux pays.
"Des membres de groupes armés liés au Front (jihadiste) Al-Nosra ont traversé la frontière turque avec trois chars pour entrer dans Rass al-Aïn" jeudi, a indiqué un militant anti-régime, se faisant appeler Havidar, via internet.
Selon Mohammed, un habitant de Rass al-Aïn, les combats se sont intensifiés et ont duré jusque tard dans la nuit, "après que les combattants kurdes ont reçu des renforts pour faire face à l'assaut le plus violent lancé par les rebelles depuis leur arrivée dans la ville" en novembre.
Les insurgés sont des membres d'Al-Nosra --placé par Washington sur sa liste des groupes terroristes pour liens présumés avec Al-Qaïda-- et des brigades islamistes Ghouraba al-Cham et Ahfad al-Rassoul, a-t-il ajouté.
Depuis le début du conflit en Syrie il y a 22 mois, les Kurdes avaient cherché à rester à l'écart de la guerre, même s'ils ont été accusés par les rebelles de faire le jeu du régime de Bachar al-Assad, dont les troupes se sont retirées sans résistance de plusieurs régions kurdes.
Des combattants du Parti de l'Union démocratique kurde (PYD), la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, rebelles kurdes de Turquie), ont maintes fois combattu Al-Nosra et Ghouraba al-Cham à Rass Al-Aïn.
Des militants disent craindre que la Turquie, qui soutient les rebelles, n'utilise les groupes jihadistes en Syrie dans son combat contre les Kurdes.
"Les rebelles n'ont pas utilisé les chars pour combattre le régime, mais pour bombarder Rass al-Aïn", a dit Havidar.
Le journaliste et militant kurde syrien Massoud Akko s'est dit "inquiet face aux combats entre miliciens kurdes et rebelles. Si le combat se transforme en lutte entre Kurdes et Arabes, cela mettra en danger la Syrie et la révolte" contre M. Assad.
"Les Kurdes n'ont aucun problème avec l'Armée syrienne libre (ASL, principale faction rebelle), tant qu'elle combat le régime. Mais nous ne voyons aucune raison à cette offensive sur Rass al-Aïn", a-t-il dit.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.