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Cinquième journée d'émeutes en Anatolie: un mort et 16 blessés


Samedi 1 avril 2006 à 17h55

KIZILTEPE (Turquie), 1 avr 2006 (AFP) — Des affrontements ont opposé samedi pour la cinquième journée consécutive manifestants kurdes et forces de sécurité dans la région à majorité kurde du sud-est de la Turquie, où une personne a été tuée, portant le bilan des émeutes à huit morts.

A Kiziltepe, ville de la province de Mardin, les forces de sécurité ont dispersé une foule qui s'en prenait à des magasins à coups de pierres, a mis le feu à une banque et saccagé un centre d'impôts, avec des tirs en l'air et des grenades lacrymogènes, a rapporté l'agence de presse Anatolie.

Une personne a été tuée et 16 autres ont été blessées, dont sept policiers, et une trentaine de manifestants ont été arrêtés, a précisé le gouverneur de Mardin, Mehmet Kilclar, cité par l'agence.

La foule a aussi saccagé le siège local du Parti de la Justice et du Développement (AKP), au pouvoir à Ankara, et celui d'un parti d'opposition, a-t-il ajouté.

Des forces spéciales ont été déployées dans cette ville proche de la frontière syrienne, dont les rues étaient jonchées de pierres et de détritus de poubelles renversées, selon un photographe de l'AFP sur place.

Des heurts se sont aussi produits à Silopi, près de la frontière irakienne, où la police anti-émeutes a bloqué des manifestants qui voulaient se rendre au siège local de l'AKP, selon Anatolie.

Plus à l'est, à Yuksekova, des protestataires ont jeté des pierres sur les forces de sécurité, qui ont riposté avec des canons à eau et des tirs d'avertissement, a ajouté l'agence.

Les émeutes avaient éclaté mardi à Diyarbakir, chef-lieu de la région, après l'enterrement de rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatiste) tués dans des accrochages avec l'armée.

Le bilan des affrontements qui ont fait tache d'huile dans toute la région, s'élevait samedi à huit morts, dont trois enfants. On dénombrait des dizaines de blessés, surtout dans les rangs des forces de sécurité.

Vendredi à Istanbul, un attentat à la bombe revendiqué par un groupe kurde extrémiste, les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), a par ailleurs fait un mort et 13 blessés.

Samedi, le calme semblait rétabli à Diyarbakir et dans la ville voisine de Batman, où les affrontements les plus violents avaient eu lieu.

Le gouvernement rend le PKK responsable de ces violences, les plus graves depuis que les séparatistes kurdes ont mis fin en juin 2004 à une trêve unilatérale observée pendant cinq ans. Le conflit kurde a fait quelque 37.000 morts depuis que le PKK a lancé en 1984 la lutte armée pour l'indépendance de la région à majorité kurde.

Ankara refuse de négocier avec le PKK, une organisation considérée comme terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne (UE).

Dans un souci de rapprochement avec l'UE, dont la Turquie veut devenir membre, le gouvernement turc a fait quelques concessions à la minorité kurde qui est estimée à plus de 12 millions des 72 millions d'habitants du pays.

Ankara a par exemple autorisé la diffusion très limitée de programmes en langue kurde par les télévisions et les radios. Mais la Constitution turque interdit toujours l'utilisation d'une autre langue que le turc, seule langue officielle, dans les établissements publics.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.