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Cinq soldats américains tués dans un attentat suicide à Bagdad


Lundi 10 mars 2008 à 19h24

BAGDAD, 10 mars 2008 (AFP) — Cinq soldats américains ont été tués lundi dans un attentat suicide alors qu'ils patrouillaient à pied dans un quartier sunnite de Bagdad, l'attaque la plus meurtrière contre l'armée américaine en deux mois.

L'attentat a aussi coûté la vie à deux civils et blessé 15, selon un responsable de la sécurité irakienne.

Cinq soldats ont péri dans l'attaque de leur patrouille à pied vers 15H00 (12H00 GMT) à Bagdad, a annoncé le commandement américain dans un communiqué, précisant que "selon les premières informations il s'agit d'une attaque suicide perpétrée avec une ceinture d'explosifs".

"Quatre militaires sont morts sur le coup et un cinquième est décédé peu après de ses blessures. Trois soldats américains et un interprète irakien ont été blessés", a ajouté le texte.

Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière contre l'armée américaine en Irak depuis le 9 janvier, lorsque six militaires avaient été tués dans un attentat à Diyala (centre-nord).

Le kamikaze a fait détoner sa ceinture explosive près d'un groupe de soldats américains qui faisaient des achats dans le quartier Mansour, dans l'ouest de Bagdad, selon des témoins interrogés sur place par un journaliste de l'AFP.

"Un convoi de véhicules américains s'est arrêté et des militaires en sont descendus pour patrouiller à pied le long de l'avenue Mansour", a raconté un policier de la circulation, posté sur un carrefour à une centaine de mètres du lieu de l'attaque.

"Ils viennent presque tous les jours faire des achats dans les magasins ou prendre une glace", a expliqué ce policier, sous couvert de l'anonymat, et qui a été témoin de l'attentat.

"Environ dix minutes plus tard, un kamikaze s'est fait exploser au milieu du groupe. Par peur d'une embuscade, les soldats ont tiré en l'air pendant quelques minutes, apparemment sans faire de victimes irakiennes", selon lui.

"Nous étions en patrouille dans la zone quand nous avons entendu une explosion. Un kamikaze s'est fait exploser au milieu d'un groupe de militaires américains qui faisaient du shopping", a dit un soldat irakien, présent au moment de l'attaque.

"Nous avons aidé à transporter les victimes", détaille-t-il, en montrant son pantalon de treillis souillé par le sang des victimes.

"J'ai vu cinq cadavres de soldats américains, dont l'un avait la main coupée et un autre une jambe arrachée". Un traducteur irakien a été très grièvement blessé, précise ce témoin, en sueur et visiblement épuisé, venu se désaltérer dans une petite gargote à thé.

Selon plusieurs habitants du quartier, le kamikaze portait un costume et une cravate.

Survolée par deux hélicoptères Apache, la zone a été totalement bouclée par les forces américaine et irakienne sur un périmètre de plusieurs centaines de mètres et interdite d'accès.

Très nerveux, tenant en joue les passants, les soldats irakiens menaçaient d'ouvrir le feu sur quiconque se risquait à approcher ou qui n'obéissait pas immédiatement à leurs injonctions.

De nombreux badauds ne cachaient pas leur satisfaction après l'attaque.

"Aujourd'hui est une bonne journée: cinq chiens d'Américains ont été tués", lâche tranquillement un vieil homme, attablé à la terrasse d'une gargote en train de siroter un thé.

Depuis l'invasion de l'Irak en mars 2003, 3.980 soldats américains ont été tués, selon un bilan de l'AFP établi à partir de chiffres du site internet indépendant www.icasualties.org.

Le général John Kelly, un haut gradé américain, a affirmé qu'Al-Qaïda pourrait essayer de changer de tactique en Irak en recommençant à organiser des attentats spectaculaires "susceptible d'attirer l'attention des médias". Un double attentat a fait environ 70 morts à Bagdad la semaine dernière.

Ailleurs en Irak, une personne a été tuée et treize blessées dans un attentat suicide à la voiture piégée devant un grand hôtel de Souleimaniyeh (nord), selon un responsable local.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.