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Cinq islamistes présumés irakiens jugés à Stuttgart et à Munich


Mardi 20 juin 2006 à 17h34

STUTTGART (Allemagne), 20 juin 2006 (AFP) — Cinq islamistes du mouvement kurde irakien Ansar al-Islam ont refusé mardi à l'ouverture de leurs procès à Stuttgart (sud-ouest) et Munich (sud), de répondre aux accusations portées contre eux, notamment pour trois d'entre-eux d'avoir voulu assassiner un ancien Premier ministre irakien.

Ils sont jugés en vertu d'une nouvelle législation allemande adoptée à la suite des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Celle-ci permet désormais à la justice de poursuivre des terroristes présumés s'ils soutiennent des mouvements terroristes en dehors du pays.

Les suspects risquent 10 ans de prison.

Ata Abdoulaziz Rashid, Mazen Ali Hussein et Rafik Mohamad Yousef, les trois accusés du procès de Stuttgart, sont accusés d'avoir planifié le 3 décembre 2004 un attentat dans une filiale de la Deutsche Bank à Berlin contre l'ancien chef du gouvernement provisoire Iyad Allaoui, alors en visite en Allemagne.

Les procès sont entourés de conditions de sécurité draconiennes, en particulier celui de Stuttgart dans le quartier de haute sécurité de la prison de Stammheim, prison où s'était tenu le procès des meneurs de la Fraction Armée rouge (RAF) dans les années 70.

Deux des accusés ont exigé que l'acte d'accusation dont ils disposent, rédigé en kurde, soit transcrit en arabe. La défense a demandé à ce que le procès soit interrompu tant qu'ils n'auront pas obtenu cette version, estimant qu'ils ne pouvaient comprendre qu'en arabe "toutes les nuances" des faits qui leur sont reprochés.

La Cour a rejeté leur requête comme "infondée", sa présidente Christine Rebsam-Bender estimant que les accusés comprenaient suffisamment la langue kurde.

Le mouvement créé en 2001 au Kurdistan irakien, lié à la mouvance islamiste d'Al-Qaïda, est composé essentiellement de Kurdes. Il s'oppose aux forces américaines et alliées en Irak et aux partis kurdes PDK (Parti Démocratique du Kurdistan) et UPK (Union Patriotique du Kurdistan).

Ansar al-Islam (Partisans de l'islam) compterait, selon les renseignements intérieurs allemands, un millier de militants, dont une centaine en Allemagne.

Ce mouvement avait pour objectif "d'ériger une théocratie radicale-islamiste sur le modèle de celle des talibans d'Afghanistan", a dit l'avocate générale Silke Ritzert.

Les trois accusés ont été arrêtés grâce à des écoutes téléphoniques, le matin du jour prévu de l'attentat.

L'accusation considère Ata Abdoulaziz Rashid comme le chef du complot et le responsable d'Ansar el-Islam en Allemagne. Depuis novembre 2003, il aurait été informé à ce titre des attentats et projets d'attentats. Parmi ses tâches figuraient la collecte de fonds qui étaient envoyés en Irak et en Iran, et le recrutement de kamikazes.

Mazen Ali Hussein aurait été un de ses proches collaborateurs. Rafik Mohamad Yousef se serait proposé aux deux autres pour tuer Allaoui.

Deux autres comparses d'Ansar al-Islam sont jugés parallèlement devant la Cour d'appel de Munich pour avoir collecté des fonds en vue de la préparation d'attentats en Irak. Ils ont tous deux annoncé qu'ils observeraient le silence.

C'est devant cette cour qu'un premier procès s'était conclu début janvier en Allemagne contre un Kurde irakien de l'organisation. Lokman Amin Mohammed, qui avait fait passer clandestinement des islamistes d'Irak vers l'Europe et inversement. Il avait été condamné à sept ans de prison ferme.

Le procès de Stuttgart est prévu pour durer jusqu'en septembre, et celui de Munich jusqu'à décembre.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.