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Cinq internautes condamnés pour le cyberharcèlement de l'ancien journaliste Nicolas Hénin


Mercredi 15 juin 2022 à 11h00

Paris, 15 juin 2022 (AFP) — Trois hommes et deux femmes ont été condamnés mercredi à Paris à deux mois de prison avec sursis pour avoir participé au cyberharcèlement de l'ancien journaliste Nicolas Hénin sur Twitter en février 2019.

Ce dernier, qui fut l'otage de l'organisation État islamique pendant dix mois en Syrie en 2013-2014, avait témoigné lors du procès le 20 avril du "déferlement" de tweets haineux auquel il avait alors dû faire face "en 48 heures".

Ces milliers de messages étaient apparus alors que M. Hénin, désormais spécialisé dans le conseil sur la lutte contre le terrorisme et la radicalisation islamiste, avait appelé à signaler à Twitter et à la plateforme Pharos des tweets publiés par le père d'une victime des attentats du 13-Novembre, Patrick Jardin.

S'exprimant à propos du retour envisagé à l'époque de plusieurs dizaines de jihadistes français détenus par les Kurdes, M. Jardin avait écrit: "Fusillons-les (...) comme Leclerc a fait fusiller les Français de la Waffen SS", "tuons aussi leurs enfants d'ailleurs".

Son compte ayant été fermé, il avait ensuite traité M. Hénin sur un autre compte de "petit journaleux délateur gauchiasse" et obtenu le soutien de plusieurs figures du Rassemblement national.

Parmi la vague de tweets qui avaient ensuite visé Nicolas Hénin, un étudiant de 21 ans, qui fait partie des personnes condamnées, avait écrit: "Putain, mais quel fils de pute... c'est lui qui mérite l'exécution".

"Je souhaite que la prochaine victime de terrorisme soit votre gosse, qu'il ait le temps de voir les gens tomber autour de lui, que la peur le bouffe (...)", avait notamment tweeté une autre prévenue reconnue coupable mercredi.

Le tribunal a en outre condamné les cinq internautes à deux ans d'inéligibilité avec, pour trois d'entre eux, une non-inscription au casier judiciaire. Chacun a été condamné à payer 1.000 euros en dommages et intérêts et 800 euros en frais de justice à Nicolas Hénin.

La juridiction a néanmoins relaxé les prévenus du chef de menaces de mort, estimant qu'ils ne pouvaient être condamnés au titre des deux infractions, comme l'avait suggéré le parquet lors du procès, où seuls deux internautes étaient présents.

Les avocats des trois prévenus représentés - deux n'avaient pas d'avocat - avaient plaidé la relaxe totale. Ils peuvent faire appel.

"C'est une grande satisfaction, c'est une pierre de plus à l'édifice judiciaire sur le cyberharcèlement, parce que c'est une décision parmi les toutes premières qui appliquent le harcèlement en meute", intégré à la législation depuis 2018, s'est félicité mercredi Me Eric Morain, avocat de Nicolas Hénin.

"Je viens d'avoir mon client qui exprime son soulagement et sa satisfaction", a-t-il ajouté.

jpa-alv/pga/npk

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.