Vendredi 1 août 2025 à 05h00
Paris, 1 août 2025 (AFP) — Quitter l'Iran pour une vie de famille confortable ou y rester pour se battre ? Tel est le dilemme intime et politique que traverse l'héroïne de "7 jours", film rendant hommage aux activistes iraniennes, en salles mercredi en France.
Ecrit par Mohammad Rasoulof ("Les graines du figuier sauvage") et réalisé par Ali Samadi Ahadi, deux cinéastes iraniens en exil, il met en scène Maryam (Vishka Asayesh), une militante pour les droits humains qui obtient l'autorisation de sortir de prison pour sept jours.
La famille de l'héroïne, librement inspirée de la prix Nobel de la Paix Narges Mohammadi, organise alors son exil et celle-ci doit choisir entre partir ou rester.
"Le régime veut pousser (les activistes) à quitter le pays", a raconté à l'AFP le réalisateur. Mais ces femmes "au coeur de lion" veulent aussi apprendre à leurs enfants "qu'il y a une autre option que la peur ou la fuite".
Vishka Asayesh, star iranienne en exil, a "fait face au même choix impossible". "Ce que Maryam traverse dans le film, c'est quelque chose que beaucoup d'entre nous ont vécu", a-t-elle ajouté.
Elle a ainsi quitté l'Iran après avoir refusé de continuer à tourner voilée, à la suite de la mort en détention en 2022 de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans arrêtée par la police des moeurs qui lui reprochait d'avoir enfreint le strict code vestimentaire imposé aux femmes en Iran. Un mouvement de protestation de grande ampleur contre les dirigeants politiques et religieux iraniens s'en était suivi.
"7 jours" est le premier film où l'actrice apparaît sans voile. "Cette femme incroyablement forte (...) n'avait jamais joué avec son cou, ses oreilles" apparentes, a souligné le réalisateur. "C'était comme un oiseau auquel on ouvre la porte de la cage et qui ne sait pas voler."
Mohammad Rasoulof a envoyé son scénario à Ali Samadi Ahadi, qui vit en Allemagne, alors qu'il subissait de plus en plus de pressions du régime iranien. Depuis, le cinéaste, menacé par huit ans de prison, a fui l'Iran, par la même route que son héroïne. Sélectionné au Festival de Cannes en 2024, il fera partie du jury de la prochaine Mostra de Venise fin août.
"Quand il m'a proposé le projet, c'était comme s'il me disait: +Pourrais-tu aller sur la lune pour moi?+", s'est souvenu Ali Samadi Ahadi, évoquant des délais très serrés pour monter le film et un tournage éprouvant en Géorgie, dans la neige.
Parfois, "faire des films n'est pas seulement une passion, mais un devoir", a-t-il insisté.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.