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Chute de roquettes en Turquie au 5e jour de l'offensive contre une milice en Syrie


Mercredi 24 janvier 2018 à 18h36

Kilis (Turquie), 24 jan 2018 (AFP) — Des roquettes tirées à partir de la Syrie ont fait un mort et 13 blessés mercredi dans le sud de la Turquie au 5e jour de son offensive contre une milice kurde syrienne que le président Recep Tayyip Erdogan s'est dit déterminé à éliminer.

Les roquettes, dont l'une a touché et endommagé une mosquée, ont été tirées en début de soirée sur le centre de la ville frontalière de Kilis, a constaté une correspondante de l'AFP sur place.

Une deuxième roquette est tombée peu après sur une maison 100 mètres plus loin, a dit le gouverneur de la province, Mehmet Tekinarslan.

Peu après la chute de ces roquettes, des tirs de représailles de l'artillerie turque en direction de la Syrie pouvaient être entendus du centre de Kilis, selon la correspondante de l'AFP.

Les médias turcs ont imputé ces tirs de roquettes aux combattants kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), considérées comme "terroristes" par Ankara qui veut les déloger de l'enclave d'Afrine dans le nord de la Syrie.

Depuis le début de l'opération turque samedi, au moins deux autres civils ont été tués dans des tirs de roquettes sur des villes frontalières turques.

"L'armée turque et l'Armée syrienne libre reprennent le contrôle d'Afrine pas à pas (...) Cette opération va se poursuivre jusqu'à l'élimination du dernier membre de cette organisation terroriste", a ainsi tonné M. Erdogan dans un discours à Ankara quelques heures avant l'attaque à la roquette.

Il s'exprimait avant un entretien téléphonique prévu pour dans la soirée avec son homologue américain Donald Trump qui devrait lui faire part de sa préoccupation face à l'offensive d'Afrine, selon des responsables américains.

Cette offensive turque visant les YPG, estiment ces responsables, risque de nuire à la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Syrie.

Cette milice kurde honnie par Ankara est en effet le fer de lance sur le sol syrien de la lutte menée par une coalition internationale conduite par Washington contre l'EI.

- 'Reprendre les armes' -

S'estimant lâchées par leur allié américain, les YPG ont multiplié les appels à Washington à faire pression sur Ankara pour stopper l'offensive.

Dans un entretien avec CNN, le porte-parole de la présidence turque Ibrahim Kalin a appelé Washington à "reprendre toutes les armes fournies aux YPG au cours des deux dernières années".

De nouvelles frappes turques mercredi se sont concentrées sur les zones frontalières, dans le nord-ouest et le nord-est de la région d'Afrine, "dans l'objectif de faire reculer les YPG et d'ouvrir la voie à une avancée terrestre", selon le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.

Il a affirmé que les forces turques et les rebelles pro-Ankara avaient peu progressé dans la région d'Afrine depuis le début de l'attaque.

"Dès qu'il y a une avancée et la conquête d'un village, il y a automatiquement une contre-offensive des Kurdes qui reprennent le contrôle de ce village", a-t-il dit.

- Chars de la discorde -

Depuis samedi, plus de 90 combattants des YPG et des groupes rebelles syriens pro-turcs ont été tués, ainsi que 30 civils, la plupart dans des bombardements turcs, a annoncé l'OSDH. Ankara dément avoir touché des civils.

Trois soldats turcs ont également été tués, selon la Turquie, qui affirme pour sa part avoir éliminé "au moins 287 terroristes".

Le gouvernement allemand a fait savoir qu'il comptait demander mercredi au ministre turc de la Défense des explications sur l'offensive au moment où le débat enfle en Allemagne à la suite de la diffusion d'images de chars allemands "Leopard 2" déployés contre des combattants des YPG.

L'ambassadeur allemand en Turquie, Martin Erdmann, devait s'entretenir dans la journée à ce sujet avec Nurettin Canikli, a déclaré une porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères.

La Turquie a déclenché son opération après l'annonce par la coalition internationale luttant contre les jihadistes de la création d'une force frontalière de 30.000 hommes dans le nord de la Syrie, avec en particulier des combattants des YPG.

Cette annonce a suscité l'ire d'Ankara qui accuse les YPG d'être la branche en Syrie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui est engagé dans une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984.

Dans son discours, M. Erdogan a affirmé que l'armée turque comptait aussi à terme réaliser une opération pour déloger les YPG de Minbej, une ville située à une centaine de kilomètres à l'est d'Afrine où des forces américaines sont présentes aux côtés des miliciens kurdes.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.