
Mardi 30 octobre 2007 à 21h33
WASHINGTON, 30 oct 2007 (AFP) — Le président américain George W. Bush recevra le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan lundi pour empêcher une entreprise militaire turque dans le nord de l'Irak qui pourrait être lourde de conséquences, a indiqué la Maison Blanche mardi.
Mais M. Erdogan a dit qu'il se rendrait quant à lui à Washington pour obtenir des mesures "urgentes et concrètes" de la part des Américains contre les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui se servent du nord de l'Irak comme base arrière pour attaquer les troupes turques.
La crise représente un "test de (la) sincérité" de tous, a prévenu M. Erdogan: "Nous allons expliquer que ce test déterminera (...) l'avenir de nos relations" bilatérales.
M. Bush dira à son hôte partager son souhait de voir "éradiquer" le PKK tout en l'appelant à la "retenue", a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche Dana Perino.
M. Bush recevra M. Erdogan au moment où le gouvernement turc envisage sérieusement d'envoyer ses troupes en Irak pour combattre le PKK, et où les relations des Etats-Unis avec leur allié stratégique traversent une passe difficile.
La perspective d'une incursion turque s'est précisée quand le parlement turc y a donné son accord de principe en octobre. Le risque en a grandi avec l'attaque dans laquelle le PKK a tué douze soldats turcs le 21 octobre. Huit soldats turcs sont toujours prisonniers.
Les Etats-Unis redoutent qu'une intervention turque dans le nord de l'Irak ne déséquilibre une des rares régions du pays relativement épargnée par l'instabilité.
Les Etats-Unis considèrent le PKK comme une organisation terroriste. Mais ils tâchent de contenir les velléités militaires turques tout en faisant pression sur le gouvernement irakien pour qu'il agisse contre le PKK.
La faculté d'action du gouvernement irakien paraît cependant considérablement restreinte par les réticences des autorités du Kurdistan irakien à combattre d'autres Kurdes. Celle des Américains semble l'être par le souci de ne pas s'aliéner les Kurdes irakiens, leurs principaux alliés dans le pays.
L'administration Bush a déployé une activité diplomatique intense pour réfréner le gouvernement d'Ankara, alors que l'armée turque a renforcé sa présence près de la frontière avec l'Irak et y poursuit ses opérations de ratissage et de pilonnage.
La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, doit s'entretenir avec les dirigeants turcs et participer à une réunion des voisins de l'Irak vendredi et samedi à Ankara et Istanbul.
"Nous ressentons un désir commun, une nécessité commune de faire en sorte que le PKK soit éradiqué, de faire en sorte qu'on l'arrête. Nous comprenons que les Turcs veuillent protéger les leurs, et qu'ils pensent qu'on ne doit pas attaquer leurs soldats", a dit la porte-parole de la Maison Blanche.
Mais M. Bush dira à M. Erdogan la nécessité de "faire preuve de retenue" et de continuer à dialoguer avec le gouvernement central irakien, a-t-elle dit.
MM. Bush et Erdogan discuteront aussi de la situation en Afghanistan, au Liban, au Proche-Orient et du soutien américain à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne, a-t-elle dit.
Les relations entre les deux alliés au sein de l'Otan ont encore été crispées en octobre par un projet de résolution du Congrès américain.
Le texte, adopté en commission, reconnaîtrait comme un génocide les massacres d'Arméniens qui ont fait plus de 1,5 million de morts après 1915 sous l'Empire ottoman selon les Arméniens, 250.000 à 500.000 selon la Turquie.
Les parlementaires semblent cependant avoir ravalé leurs intentions de se prononcer sur le texte en séance plénière, devant la menace d'un retrait par la Turquie de son important soutien logistique aux opérations américaines en Irak et devant l'aggravation des tensions à la frontière irakienne.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.