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Brexit, Goulard, Syrie...: Macron consulte avant le sommet de l'UE


Lundi 14 octobre 2019 à 10h13

Paris, 14 oct 2019 (AFP) — A trois jours d'un conseil européen tendu, entre un Brexit incertain, le rejet de la candidate-commissaire française, l'attaque turque en Syrie et les menaces commerciales américaines, Emmanuel Macron consulte tous azimuts pour resserrer les rangs avec ses partenaires.

Dans ce "moment international inquiétant", l'Europe "ne peut s'offrir le luxe de vaines querelles, de petites disputes" et "nous ne pouvons nous permettre ni division, ni aveuglement, ni faiblesse", a-t-il lancé dimanche soir en accueillant Angela Merkel pour un dîner à l'Élysée.

Après la chancelière allemande, le chef de l'État reçoit ce lundi la future présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, avec laquelle il n'a pas encore discuté depuis que le Parlement européen a écarté Sylvie Goulard, sa candidate à la Commission, qui devait hériter du vaste portefeuille du Marché intérieur.

Il compte lui demander des explications sur le vote négatif du Parlement, alors qu'il avait reçu, selon son entourage, de la future présidente de la Commission des assurances sur l'accord des principaux groupes parlementaires à cette candidature.

Emmanuel Macron veut avant tout préserver l'immense portefeuille qui avait été taillé sur mesure pour Sylvie Goulard.

Il craint aussi que l'ensemble du projet de réformes de Mme von der Leyen, que Paris a largement contribué à élaborer, ne soit bloqué par un Parlement européen incontrôlable, hostile aux projets français et sans majorité positive - en quelque sorte en voie de "westminsterisation", dit l'Élysée, en allusion au parlement britannique englué dans le Brexit.

"Je veux qu'ensemble nous puissions travailler avec Mme la Chancelière et la future présidente à la mise en place d'une Commission européenne forte, assise sur une majorité solide au Parlement européen, que nous avons collectivement la responsabilité de construire et de conforter", a expliqué Emmanuel Macron dimanche soir.

Le chef de l'État déjeune ensuite avec le président du conseil européen Donald Tusk pour préparer le sommet de Bruxelles.

- Inquiétude commune sur la Syrie -

Le deuxième temps fort de la semaine sera le conseil des ministres franco-allemand qui se réunira mercredi après-midi à Toulouse avec Angela Merkel et des membres des deux gouvernements.

Au cours de cette réunion, Emmanuel Macron souhaite notamment pousser l'Allemagne à aller plus loin sur son projet d'une défense européenne commune et sur des projets industriels européens, comme Airbus.

Les deux dirigeants visiteront d'ailleurs ensemble le siège de l'avionneur, cible actuellement d'un litige commercial avec les États-Unis. Washington a décidé d'appliquer, à partir du 18 octobre, pour 7,5 milliards de dollars de taxes douanières sur des produits européens, après un feu vert de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui a sanctionné des prêts publics à Airbus.

Dans la foulée, Bruxelles a promis de riposter aux sanctions américaines.

Mercredi soir, Ursula von der Leyen rejoindra le tandem franco-allemand pour un dîner avec la Table ronde des Industriels européens, club libéral qui regroupe une cinquantaine des plus grands groupes industriels et de haute technologie de l'UE.

Autre sujet au coeur des discussions, l'offensive turque en Syrie, qui "risque de créer une situation humanitaire insoutenable et d'aider Daech à réémerger", ont de nouveau averti d'une même voix M Macron et Mme Merkel dimanche.

Tous deux ont appelé de nouveau la Turquie à cesser son offensive, déjà condamnée par l'UE, et rappelé leur décision de suspendre leurs ventes d'armes à la Turquie.

Après le dîner avec la Chancelière, le président a réuni un conseil restreint de défense sur la Syrie.

"La France accentuera ses efforts diplomatiques (...) pour obtenir la cessation immédiate de l'offensive turque en cours", a indiqué le communiqué publié par l'Élysée à l'issue du conseil. Car cette dernière peut "entraîner des conséquences humanitaires dramatiques, une résurgence de Daech dans la région, et une déstabilisation durable du nord-est syrien".

leb/jri/cs/dlm

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.