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Brève présence des avocats à la reprise du procès de Saddam Hussein


Lundi 30 octobre 2006 à 15h20

BAGDAD, 30 oct 2006 (AFP) — Le procès de Saddam Hussein pour génocide contre les Kurdes a repris lundi à Bagdad par une nouvelle épreuve de force entre la cour et les avocats de la défense qui ont présenté leurs conditions pour mettre fin au boycottage des débats, puis sont repartis après avoir essuyé un refus.

Le procès se poursuivra mardi au siège du Haut tribunal pénal installé dans le quartier fortifié de la zone verte à Bagdad.

Saddam Hussein et ses six co-accusés sont arrivés dans la salle d'audience accompagnés par deux de leurs avocats, Khalil al-Doulaïmi, chef de l'équipe de défense de l'ancien président, ainsi que l'avocat d'un autre accusé, Hussein Rachid.

Me Doulaïmi a aussitôt lu une lettre adressée à la cour dans laquelle les avocats ont présenté douze demandes. Ils ont réclamé que des avocats de pays arabes ou d'autres régions soient acceptés par la cour (les avocats doivent être actuellement irakiens), que le tribunal enquête sur "les coups reçus" par Hussein Rachid à la fin de l'audience du 10 octobre, et que les accusés puissent s'exprimer sans que leur micro soit constamment coupé.

Le 10 octobre, profitant d'un incident qui opposait Saddam Hussein à la cour, Hussein Rachid al-Tikriti, ancien commandant adjoint des forces armées, avait demandé à sortir en accusant le tribunal d'être composé de "souteneurs et de traîtres". Il avait alors envoyé un coup de poing à un huissier, avant d'être expulsé à son tour.

Selon les informations présentées lundi matin à la cour, Hussein Rachid avait ensuite reçu des coups.

"Ce procès est politique et ne répond pas aux conditions qui garantiraient son impartialité", a affirmé l'avocat de Saddam Hussein.

Le juge Mohammed al-Oreibi al-Khalifa, a interrompu Me Doulaïmi lorsqu'il a appelé Saddam Hussein "Son Excellence, le président", ou a qualifié un autre accusé, Sultan Hachem al-Tai, de "ministre de la Défense".

"L'appellation réglementaire est +l'accusé+ ou +mon client+", a souligné le juge. "Il n'y a aucune loi qui m'empêche d'appeler mon président: +président+. Aussi la défense continuera à l'appeler ainsi", a répliqué Me Doulaïmi.

Le juge Oreibi a alors indiqué que la question de la présence d'avocats étrangers avait déjà été réglée définitivement, par la négative, en évoquant une décision de son prédécesseur.

Les avocats de la défense ont alors quitté la salle d'audience, où étaient présents des avocats commis d'office par le tribunal, que les accusés ne reconnaissent pas.

Les avocats de la défense boycottent le procès depuis plusieurs semaines pour protester contre la nomination, en septembre, de l'actuel juge après, selon eux, une intervention du gouvernement irakien.

La 19ème journée d'audience a ensuite continué avec l'audition de quatre témoins qui ont décrit le drame qu'ont connu leurs villages kurdes qui se préparaient à fêter la fin du ramadan, au printemps 1988, lorsque l'aviation irakienne a lancé, ont-ils dit, des armes chimiques.

Jamal Souleiman Kadir, 50 ans, imam, a raconté que quatre avions ont bombardé son village avec des armes chimiques. "J'ai croisé un tracteur chargé d'une quinzaine de blessés, puis j'ai vu vingt corps près de la fontaine et le bétail en train de mourir. J'entendais les enfants crier après leur père et les femmes après leur mari. C'était comme le jour du Jugement dernier", a-t-il dit.

Il a décrit les corps entassés dont certains étaient ceux d'enfants serrant encore dans leurs mains les sucreries de l'Eid", la fête qui marque la fin du mois musulman du ramadan.

Les sept accusés sont jugés pour avoir ordonné et mis en oeuvre les campagnes militaires d'Anfal, en 1987-1988 dans le Kurdistan irakien, qui ont fait 180.000 morts, selon l'accusation. Tous risquent la peine de mort.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.