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Berlin rejette des accusations d'Erdogan contre des députés d'origine turque


Lundi 6 juin 2016 à 13h40

Berlin, 6 juin 2016 (AFP) — Le gouvernement allemand a qualifié lundi d'"incompréhensibles" des propos du président Recep Tayyip Erdogan, accusant les députés allemands d'origine turque ayant reconnu le génocide arménien la semaine dernière, d'être des soutiens du terrorisme kurde.

"Nous aussi en Allemagne considérons le PKK (le Parti des travailleurs du Kurdistan) comme une organisation terroriste et il est pour nous totalement incompréhensible de voir à présent que des déclarations en provenance de Turquie cherchent à lier certains députés du Bundestag au terrorisme", a déclaré à la presse le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert, lors d'un point de presse régulier.

M. Erdogan a estimé ce week-end qu'"il faut analyser dans un laboratoire le sang des députés allemands d'origine turque" qui ont voté en faveur de la reconnaissance du génocide arménien, afin de vérifier leur origine tant le vote du Bundestag (chambre basse du Parlement) le 2 juin est perçu dans le pays comme un affront.

Il s'en est pris en particulier à Cem Özdemir, l'un des instigateurs du texte et l'un des responsables du parti écologiste allemand des Verts. M. Erdogan a accusé les 11 députés d'origine turque qui ont voté le texte qualifiant de génocide le massacre des Arméniens en 1915 d'être "les bras prolongés des terroristes", en allusion aux rebelles kurdes.

Certains de ces élus se sont plaints de recevoir depuis le vote un grand nombre de menaces de mort, via les réseaux sociaux notamment, et selon les médias allemands la police envisage de leur accorder une protection personnelle.

"Après une telle décision, comment les dirigeants politiques allemands pourront-ils se présenter personnellement devant moi et mon Premier ministre?", s'est aussi emporté M. Erdogan ce week-end.

Le porte-parole d'Angela Merkel a toutefois rejeté l'idée propagée par des responsables en Turquie selon laquelle la chancelière allemande se serait engagée auprès de M. Erdogan, en amont du vote du Bundestag, à tout faire pour empêcher l'adoption du texte.

"Le Bundestag a pris une décision souveraine qu'il convient de respecter et c'est précisément dans ce sens que la chancelière a mené ses discussions avec le président turc", a affirmé M. Seibert, en rappelant aussi que Mme Merkel, lors d'une consultation préalable au sein de son groupe parlementaire CDU, avait voté en faveur de la résolution sur le génocide arménien.

La chancelière n'avait en revanche pas participé au vote des députés en arguant d'un programme officiel trop chargé ce jour là.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.