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Bagdad en campagne diplomatique pour bouter les forces turques hors d'Irak


Jeudi 13 août 2020 à 16h44

Bagdad, 13 août 2020 (AFP) — Bagdad a annoncé jeudi avoir contacté ses voisins et la Ligue arabe "pour tenir une position unie obligeant la Turquie à retirer" ses hommes d'Irak, où ils combattent le Parti des travailleurs kurdes (PKK, opposition kurde en Turquie).

Mardi, un drone turc a tué deux haut-gradés ainsi qu'un soldat irakiens, les premières victimes dans les rangs des forces irakiennes de l'opération "Griffes du Tigre" lancée en juin par la Turquie au Kurdistan d'Irak.

Un haut commandant du PKK a également été tué dans ce bombardement, a annoncé jeudi le PKK, confirmant que le drone avait visé une réunion entre combattants du PKK et garde-frontières irakiens.

Bagdad a convoqué mercredi pour la troisième fois en deux mois l'ambassadeur turc pour protester contre une "agression flagrante" et une "violation de (sa) souveraineté".

En face, Ankara répond invariablement lutter contre une organisation qu'elle considère comme "terroriste", à l'instar des Etats-Unis et de l'Union européenne.

L'ambassadeur turc à Bagdad, Fatih Yildiz, a publié jeudi sur Twitter un communiqué d'Ankara accusant l'Irak "de détourner le regard alors que des membres du PKK terroriste se trouvent sur son sol".

Le ministre irakien des Affaires étrangères Fouad Hussein a de son côté annoncé avoir contacté ses homologues égyptien, jordanien, saoudien et koweïtien ainsi que le patron de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit.

Il a plaidé pour "d'importants efforts arabes pour éviter des développements dangereux (...) et tenir une position unie obligeant la Turquie à retirer ses forces qui se sont infiltrées en territoire irakien", ajoute un communiqué du ministère.

Une tâche qui s'annonce difficile, affirment les experts, car la Turquie possède depuis 25 ans une dizaine de postes militaires au Kurdistan irakien. Autant de positions qu'elle n'entend pas perdre et auxquelles elle aurait même ajouté de nouvelles implantations, selon des sources kurdes.

Bagdad a déjà annulé la visite du ministre turc de la Défense jeudi ainsi que "toutes les autres visites prévues entre les deux pays pour le moment", a annoncé le gouvernement.

Depuis le début mi-juin de "Griffes du tigre", au moins cinq civils ont été tués, tandis qu'Ankara a annoncé la mort de deux de ses soldats et le PKK et ses alliés de dix combattants et partisans.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.