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Bagdad demande à la Turquie de cesser de se fournir en pétrole du Kurdistan


Dimanche 15 juillet 2012 à 15h28

BAGDAD, 15 juil 2012 (AFP) — La Turquie doit cesser de recevoir les exportations "illégales" de pétrole de la région autonome du Kurdistan, car elle risquerait dans le cas contraire "de mettre en péril" les relations entre Ankara et Bagdad, a déclaré dimanche le porte-parole du gouvernement irakien.

"La Turquie doit cesser d'accepter les exportations non autorisées de pétrole", a dit Ali Dabbagh dans un communiqué, estimant que "l'exportation de pétrole du Kurdistan vers la Turquie est illégale".

"A travers ses actions, la Turquie contribue à la contrebande de pétrole irakien et se met dans une position qui ne sied pas à un voisin avec lequel nous avons de bonnes relations", a encore expliqué M. Dabbagh.

"Cette question va affecter les relations entre nos deux pays et notamment nos relations économiques qui seront mises en péril", a-t-il prévenu.

"Ce pétrole appartient à tous les Irakiens. Il doit être exporté par le gouvernement fédéral, qui représente tous les Irakiens, et les revenus qu'il génère doivent également aller" à ce gouvernement, a enfin noté M. Dabbagh.

La semaine dernière, le Kurdistan, qui jouit d'une large autonomie par rapport à Bagdad, avait annoncé avoir commencé à exporter du pétrole brut vers la Turquie, provoquant la fureur du gouvernement irakien.

Le brut est envoyé vers la Turquie, y est raffiné, puis acheminé de nouveau vers le Kurdistan sous forme de produits pétroliers (essence, gaz, huile...).

Le pétrole est au centre d'un conflit entre Bagdad et le Kurdistan, région autonome du nord de l'Irak, depuis plusieurs mois.

Le Kurdistan accuse Bagdad de ne pas le livrer en produits pétroliers, ce que le ministère irakien du Pétrole dément. Et la région a récemment cessé ses exportations pétrolières vers l'Irak en raison d'un contentieux financier.

Fin juin, le ministère à l'Energie avait prévenu les compagnies françaises que tout contrat avec Bagdad serait annulé si elles signaient d'autres contrats avec des autorités locales ou régionales, après que le Kurdistan a fait affaires avec des compagnies étrangères.

Par ailleurs, les relations entre Ankara et Bagdad, qui étaient allées en s'améliorant ces dernières années, ont connu un sérieux coup de froid depuis décembre, en raison notamment du refus de la Turquie d'extrader le vice-président irakien Tarek al-Hachémi, qui y aurait trouvé refuge.

M. Hachémi est actuellement jugé par contumace devant un tribunal de Bagdad pour avoir, selon la justice irakienne, commandité des assassinats.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.