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Bagdad accuse les Kurdes de renier l'accord sur leur retrait de zones disputées


Mercredi 1 novembre 2017 à 19h10

Bagdad, 1 nov 2017 (AFP) — Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a accusé mercredi les autorités kurdes d'avoir renié l'accord sur le retrait de leurs forces de zones disputées, tandis que l'armée dénonçait des mouvements militaires visant à empêcher son redéploiement.

Dimanche soir, au terme de deux jours de discussions, commandants kurdes et irakiens s'étaient accordés sur un retrait des peshmergas de zones du nord irakien, notamment un poste-frontière proche de la Turquie et de la Syrie.

Mais les Kurdes "sont revenus sur cet accord", a affirmé M. Abadi aux journalistes. "S'ils ne se conforment pas (à l'accord), nous allons faire ce que nous voulons, et si nos forces se retrouvent la cible de tirs, nous allons leur montrer la force de la loi", a-t-il encore menacé.

Cet accord avait été rendu possible par une trêve accordée par Bagdad après une journée de violents combats à l'artillerie lourde. Les troupes des deux camps sont toutefois toujours déployées dans l'attente d'un ordre de retrait ou de reprise des combats.

Le Commandement conjoint des opérations (JOC), qui chapeaute l'ensemble des forces irakiennes, a affirmé que "durant toute la durée des négociations, le Kurdistan a procédé à des mouvements de troupes et construit de nouvelles lignes de défense pour ralentir le déploiement des troupes fédérales et leur infliger pertes et dégâts".

Hemin Hawrami, un conseiller du leader kurde Massoud Barzani contraint à renoncer à la présidence de la région autonome, a accusé Bagdad d'"escalade contre le Kurdistan".

"Le gouvernement irakien n'a pas de considération pour le dialogue", a-t-il encore écrit sur Twitter, évoquant le "grondement des tambours de guerre au Kurdistan".

Le 25 septembre, M. Barzani organisait en grandes pompes un référendum d'indépendance.

Depuis, la crise n'a cessé de s'envenimer entre Erbil et Bagdad. Le 16 octobre, les forces gouvernementales et paramilitaires irakiennes sont entrées en mouvement pour reprendre l'ensemble des zones disputées, c'est-à-dire réclamées à la fois par le gouvernement régional kurde et Bagdad.

Ces zones dépendent, selon la Constitution, du pouvoir central de Bagdad mais leur statut doit encore être discuté au cours de négociations à venir. Depuis l'invasion américaine de 2003 et dans le sillage du chaos créé en 2014 par la percée jihadiste, les peshmergas en avaient de fait pris le contrôle.

En deux semaines, Bagdad a repris le contrôle de leur quasi-totalité dans le but de revenir à la "ligne bleue" de 2003, qui limite le Kurdistan irakien aux trois provinces de Dohouk (nord-ouest), Erbil (nord) et Souleimaniyeh (nord-est), selon le porte-parole de M. Abadi, Saad al-Hadithi.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.