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Attentats d'Istanbul: au moins un suspect identifié, piste kurde privilégiée


Mardi 29 juillet 2008 à 16h03

ISTANBUL, 29 juil 2008 (AFP) — L'enquête sur les attentats meurtriers survenus dimanche soir dans un quartier populaire d'Istanbul progressait mardi en l'absence de toute revendication, la piste des rebelles kurdes restant privilégiée.

Au moins un suspect a été identifié à partir des enregistrements de caméras de surveillance et des dépositions de témoins de la double explosion, qui a fait 17 morts et 154 blessés dimanche soir -dont 35 étaient toujours hospitalisés mardi, l'un d'eux dans un état critique-, rapportent les médias.

Le quotidien populaire Vatan et le journal libéral Taraf, citant des sources policières, décrivent comme le possible poseur de bombes un homme âgé de 20 à 25 ans, mesurant 1m70, mal rasé et portant un T-shirt vert.

Plusieurs autres quotidiens font état de deux suspects identifiés, mais ne donnent pas de détails sur le signalement du deuxième homme.

Vatan affirme que la deuxième bombe, qui a explosé une dizaine de minutes après la première, alors qu'une foule s'était rassemblée pour porter secours aux victimes, était munie d'un système de mise à feu à retardement, afin de ne pas être affectée par les appareils de brouillage d'ondes de la police.

Le ministre de l'Intérieur Besir Atalay a pour sa part affirmé que le type d'explosif employé était du TNT.

"Mais je ne veux pas à ce point donner trop de détails. Je peux cependant vous dire qu'avec les données que nous avons en main, avec notre expérience (...), les conclusions des dernières analyses, nous allons vers un résultat", a déclaré M. Atalay lors d'une allocution au Parlement.

La police privilégiait la piste du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et l'hypothèse d'un homme "venu seul des monts Qandil pour commettre son action", selon Vatan, faisant référence à un massif montagneux du nord de l'Irak où les rebelles ont établi leur quartier général.

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan avait implicitement imputé la responsabilité de l'attentat au PKK, estimant lundi que l'attaque était un "coût" à payer pour les opérations menées par l'armée turque contre les rebelles dans le sud-est anatolien et dans le nord de l'Irak. Le PKK avait ensuite démenti toute implication dans les attentats d'Istanbul.

Mardi encore, l'aviation turque a bombardé pour la troisième fois en une semaine des positions du PKK en Irak, détruisant une caverne où avait été repéré un groupe de 30 à 40 rebelles.

Devant son groupe parlementaire, M. Erdogan a appelé mardi à l'unité contre le terrorisme.

"Ce pays, avec son parti au pouvoir, son opposition, les médias, l'armée, la police, les juges et toutes les institutions, s'oppose d'une seule voix, d'un seul coeur au terrorisme", a-t-il déclaré.

L'attentat survient alors que la Turquie traverse une période de fortes tensions entre partisans du gouvernement, issu de la mouvance islamiste, et défenseurs d'une laïcité rigoriste, au premier rang desquels figurent l'armée et les juges.

Lundi ont débuté à Ankara des délibérations de la Cour constitutionnelle concernant une possible interdiction du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir pour cause d'activités antilaïques.

Dans le même temps, une enquête se poursuit sur un réseau nationaliste comprenant un nombre important d'anciens officiers et soupçonné de vouloir semer le chaos et la violence dans le pays pour préparer le terrain à un coup d'Etat militaire qui viendrait renverser le gouvernement.

Tard lundi, la BBC a diffusé une interview de Murat Karayilan, chef de la branche armée du PKK qu'elle dit avoir obtenue il y a plusieurs semaines, dans laquelle celui-ci évoque le lancement possible d'une campagne d'attentats contre des cibles économiques et militaires dans des villes turques.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.