Page Précédente

Attentat d'Istanbul: le kamikaze identifié comme un membre du PKK


Mardi 2 novembre 2010 à 18h37

ISTANBUL, 2 nov 2010 (AFP) — L'auteur d'un attentat-suicide qui a fait 32 blessés dimanche dans le centre d'Istanbul était un jeune homme de 24 ans qui avait rejoint les rangs des rebelles kurdes en 2004, a affirmé mardi le gouvernorat d'Istanbul dans un communiqué cité par l'agence de presse Anatolie.

L'enquête a permis d'identifier l'auteur de l'attaque, qui visait des policiers des forces anti-émeutes, comme étant Vedat Acar, un Kurde né à Gürpinar, dans la province de Van (est), qui avait rejoint les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) six ans plus tôt, a indiqué Anatolie.

Les déclarations des autorités turques interviennent alors que les rebelles ont démenti lundi toute implication dans l'attentat, qui a notamment blessé 15 policiers, et ont annoncé une prolongation de la trêve qu'ils avaient décrétée en août jusqu'aux prochaines élections législatives, prévues en juin.

La fin de la trêve a coïncidé dimanche avec l'attentat d'Istanbul.

La police de cette ville a identifié les proches du kamikaze et procédé à l'arrestation de sept suspects dans différents quartiers, tous des membres du PKK, écrit Anatolie.

La chaîne d'information télévisée NTV a pour sa part rapporté que l'auteur de l'attentat avait pénétré en Turquie trois mois plus tôt en provenance d'Irak par le poste-frontière de Habur (sud-est).

Les rebelles du PKK disposent de camps dans les montagnes du nord de l'Irak, depuis lesquels ils lancent des attaques contre les forces de sécurité dans le sud-est anatolien de la Turquie, peuplé en majorité de Kurdes.

Si l'implication du PKK dans l'attentat est confirmée, ce développement devrait compliquer la tâche du gouvernement dans ses efforts de dialogue avec les Kurdes, face à une opinion publique qui considère le PKK comme l'ennemi public numéro un et est hostile à toute concession faite à la violence.

Ankara s'est récemment engagé dans des échanges discrets et prudents avec les Kurdes pour convaincre le PKK, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie et de nombreux pays, d'abandonner les armes et de mettre un terme à un conflit qui a fait plus de 45.000 morts en 26 ans, selon l'armée.

Le chef emprisonné du PKK Abdullah Öcalan semble associé à cet effort, ses avocats servant d'intermédiaires. Des agents de l'Etat ont également des contacts avec lui sur l'île-prison d'Imrali ou il est incarcéré, affirment ses avocats.

Le quotidien Milliyet a écrit mardi que le PKK avait prolongé sa trêve après avoir reçu un courrier d'Öcalan transmis aux chefs militaires du mouvement, basés dans les montagnes du nord de l'Irak, avec l'aide de responsables turcs.

Dans un entretien publié jeudi par le quotidien turc Radikal, le principal chef militaire du PKK, Murat Karayilan, avait assuré que les rebelles s'engageraient à épargner les civils et à poursuivre sans limitation de temps leur cessez-le-feu unilatéral si le gouvernement turc acceptait le dialogue.

Plusieurs journaux avaient évoqué au lendemain de l'attentat la possibilité que celui-ci ai été commandité par des "faucons" du PKK dans le but de torpiller ces efforts de dialogue.

Le kamikaze a déclenché sa charge d'explosif dimanche vers 08h30 GMT sur la place de Taksim, une esplanade très fréquentée en plein coeur d'Istanbul, où sont stationnées en permanence des unités de police anti-émeutes. L'explosion a eu lieu alors qu'il tentait de pénétrer dans un minibus de la police.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.