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Arrestation d'un Irakien en fuite soupçonné de meurtre en Allemagne


Vendredi 8 juin 2018 à 20h38

Berlin, 8 juin 2018 (AFP) — Un jeune Irakien, soupçonné du meurtre d'une adolescente en Allemagne, a été arrêté vendredi dans le nord de l'Irak il était parvenu à s'enfuir, suscitant un immense émoi et un tollé.

Moins de 24 heures après que la police allemande a révélé son identité, Ali Bashar, 20 ans, a été "interpellé cette nuit vers deux heures du matin par les forces de sécurité kurdes dans le nord de l'Irak", a indiqué le ministre de l'Intérieur allemand Horst Seehofer.

Un haut responsable securitaire kurde irakien a confirmé à l'AFP qu'il avait été arrêté vendredi "très tôt à l'aéroport international d'Erbil", la capitale de la région autonome du nord de l'Irak.

Cette arrestation est le fruit d'une "coordination entre les services de sécurité kurdes et allemands", qui se connaissent bien, l'armée allemande formant les combattants Peshmergas du nord de l'Irak, a-t-il ajouté, sous le couvert de l'anonymat.

Le jeune demandeur d'asile débouté a été "arrêté à sa descente d'avion", a-t-il encore précisé. "Des dispositions ont été prises pour que le suspect soit transféré au plus vite en Allemagne afin d'y être jugé".

Ali Bashar, arrivé en Allemagne en octobre 2015 au "pic" de la crise des réfugiés, est soupçonné d'avoir violé et étranglé entre les 22 et 23 mai Susanna Feldman, une jeune fille de confession juive de 14 ans, à Wiesbaden, selon la police.

Le jeune homme, dont la demande d'asile avait été rejetée en décembre 2016, avait quitté l'Allemagne le 2 juin avec toute sa famille alors qu'il n'était pas encore soupçonné et que le corps n'avait pas été découvert. Mais les circonstances de son départ ont soulevé des questions sur l'efficacité de la police.

Connu de la police, il avait fui avec ses parents et cinq frères et soeurs avec des laissez-passer émis par les autorités consulaires irakiennes. Or sur ces papiers en arabe, les noms étaient différents de ceux marqués sur les billets d'avion, avaient admis les autorités.

La question de son extradition vers l'Allemagne risque aussi d'agiter les débats, aucun accord n'existant à la matière avec l'Irak.

Cette affaire a soulevé un tollé même si Berlin, à la suite de la montée en puissance de l'extrême droite, a mis un sérieux tour de vis à sa politique d'accueil des demandeurs d'asile. Sur décision de la chancelière Angela Merkel, le pays s'était ouvert à plus d'un million de migrants en 2015 et 2016.

- L'AfD accuse Merkel -

Plusieurs faits divers impliquant des étrangers ont fait débat autour du manque de préparation de l'Allemagne pour contrôler et gérer l'accueil d'un tel nombre d'immigrés.

Le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) a utilisé ces affaires pour justifier son discours anti-islam et anti-Merkel et remporté un succès fracassant aux législatives de septembre.

"Susanna est une nouvelle victime de la politique d'accueil égoïste et hypocrite de la chancelière Angela Merkel", a martelé une cheffe de l'AfD, Alice Weidel, réclamant la démission de la dirigeante.

L'AfD et des organisations anti-immigration ont appelé à des manifestations à Mayence (ouest) où résidait la jeune fille, à partir de samedi.

Ali Bashar avait déjà été soupçonné d'actes de délinquance. Son nom est également apparu dans une affaire de viol en mars d'une fillette de 11 ans dans le foyer dans lequel il vivait. Il n'a été inculpé dans aucune affaire.

Les autorités ont été mises sur la trace du meurtrier présumé par un réfugié de 13 ans, qui s'est présenté à la police en affirmant qu'Ali Bashar lui avait avoué avoir tué Susanna Feldman. C'est aussi grâce à ce témoignage que le corps a pu être retrouvé mercredi.

- Pas d'amalgames -

Le quotidien à grand tirage Bild assenait en Une : si Ali Bashar "avait été expulsé, elle ne serait pas morte", voyant dans cette affaire "un explosif pour la société".

Le président de la police criminelle (BKA), Holger Münch, a de son côté appelé à ne pas faire d'amalgames entre criminalité et immigration.

Ali Bashar avait déposé un recours contre le rejet de sa demande d'asile, ce qui l'autorisait à séjourner en Allemagne, mais 18 mois plus tard, elle n'avait toujours pas été examinée.

Les tribunaux croulent sous des centaines de milliers de recours alors que les services d'immigration sont mis en cause pour la piètre qualité de leur travail. Ces derniers sont aussi actuellement au coeur d'un scandale de corruption.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.