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Après l'incursion turque, Talabani veut des liens "stratégiques" avec Ankara


Vendredi 7 mars 2008 à 21h05

ANKARA, 7 mars 2008 (AFP) — Le président irakien Jalal Talabani s'est prononcé vendredi, à l'occasion d'une visite à Ankara, pour l'établissement de liens "stratégiques et solides" avec la Turquie voisine qui a réalisé le mois dernier une offensive militaire dans le nord de l'Irak.

"Le but de cette visite est de pouvoir établir des relations stratégiques et solides avec la Turquie", a dit M. Talabani lors d'une conférence de presse avec son homologue Abdullah Gül.

M. Talabani a souhaité la promotion des relations politiques, économiques, culturelles et énergétiques afin que la coopération turco-irakienne puisse constituer un modèle au Proche-Orient.

M. Talabani, un Kurde, est arrivé vendredi pour la première fois en Turquie en tant que chef d'Etat et son déplacement intervient juste une semaine après la fin d'une incursion des forces turques dans les montagnes du Kurdistan irakien contre les rebelles kurdes de Turquie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui avait inquiété Washington.

Les Etats-Unis fournissent du renseignement à Ankara pour combattre la rébellion kurde. Mais l'offensive turque a placé Washington dans une situation délicate vis-à-vis de son allié irakien.

Après un appel du président George W. Bush à mettre fin le plus vite possible à l'offensive, la Turquie s'est retirée du nord de l'Irak, tout en se réservant la possibilité de revenir si elle le jugeait nécessaire.

Dans leur allocution à la presse avant de répondre aux questions, les deux présidents se sont abstenus d'évoquer cette opération qui s'est déroulée du 21 au 29 février.

M. Gül s'est contenté de dire que "l'Irak visé lui-même par le terrorisme est bien placé pour comprendre la lutte de la Turquie" contre le PKK.

M. Talabani a quant a lui indiqué que la constitution irakienne ne permettait pas l'établissement sur le sol irakien d'organisations pouvant nuire aux pays voisins.

"Nous sommes évidemment opposés à une organisation qui lance des attaques contre un pays voisin et nous le permettrons pas", a souligné M. Talabani, indiquant que les Kurdes qui administrent le nord de son pays avaient été sommés d'exercer des pressions sur le PKK pour qu'il quitte cette zone où il dispose de plusieurs camps.

A la question de savoir si Ankara envisageait une ouverture politique en faveur du PKK, le président turc a indiquait qu'il n'était "pas question de tolérer une organisation impliquée dans le terrorisme", exhortant les rebelles à déposer les armes.

Le PKK mène depuis 1984 une lutte armée contre l'Etat turc qui a fait 37.000 morts.

La Turquie voit dans le déplacement de M. Talabani une occasion de "tourner la page" dans les liens bilatéraux, empoisonnés par des déclarations des dirigeants turcs qui accusent les Kurdes d'Irak de tolérer, voire soutenir, les agissements du PKK.

"Cette opération est un message qui indique combien nous sommes déterminés" à empêcher le PKK d'utiliser le nord de l'Irak comme un sanctuaire", a indiqué Murat Ozcelik, l'émissaire spécial de la Turquie pour l'Irak sur la chaîne NTV.

Bagdad a reconnu la menace que représente le PKK pour la Turquie et "cela nous donne une occasion de retourner à la diplomatie", a souligné le diplomate.

"Les relations entre la Turquie et l'Irak gagneront un nouvel élan. Nous entrerons dans une nouvelle période et une nouvelle page sera tournée", a-t-il encore dit.

Samedi, M. Talabani doit déjeuner avec le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et s'entretenir avec des hommes d'affaires avant de quitter Ankara. Les entretiens doivent être particulièrement axés sur la coopération énergétique.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.