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Ankara n'exclut aucune option avant une semaine diplomatique intense


Dimanche 28 octobre 2007 à 19h56

ANKARA, 28 oct 2007 (AFP) — La Turquie a averti dimanche qu'elle entendait conserver toutes ses options, y compris militaire, contre les rebelles kurdes réfugiés dans le nord de l'Irak, avant une semaine de contacts diplomatiques intenses, en particulier avec les Américains.

L'armée turque a pour sa part continué ses ratissages contre les séparatistes kurdes à l'intérieur du pays avec une importante opération à laquelle participaient plusieurs milliers de soldats dans l'est, à 600 km de la frontière avec l'Irak, qui a fait 15 morts parmi les rebelles, selon la télévision CNN Turk.

Le bilan de l'opération, dans la province de Tunceli, n'a pas été confirmé officiellement.

Elle a été menée exactement une semaine après une attaque du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), près de la frontière irakienne, qui a fait 12 morts dans les rangs de l'armée turque. Huit soldats ont également été faits prisonniers lors de l'embuscade qui a dangereusement accru la tension entre Ankara et Badgad.

En visite à Téhéran, le ministre turc des Affaires étrangères, Ali Babacan, a averti que son pays gardait toutes les options "sur la table" pour venir à bout des rebelles du PKK.

"Nous disposons de différents instruments. Nous pouvons utiliser la voie diplomatique ou nous pouvons avoir recours à la force militaire", a-t-il déclaré, sans cependant obtenir le soutien de ses hôtes à une intervention armée.

L'éventualité d'une opération militaire contre les bases arrières des rebelles kurdes dans le nord de l'Irak s'est renforcée après l'échec vendredi de pourparlers à Ankara avec les Irakiens.

La Turquie lancera une opération "quand ce sera nécessaire", sans tenir compte de l'opinion de la communauté internationale, a averti samedi le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui s'est montré excédé par les appels à la retenue des Etats-Unis.

Il devrait s'en expliquer jeudi avec la Secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice qui fera un crochet par Ankara avant de se rendre à une Conférence internationale des pays voisins de l'Irak, vendredi et samedi à Istanbul.

Washington veut à tout prix éviter une déstabilisation du Kurdistan irakien, l'une des rares régions pacifiées d'Irak, mais la Turquie montre des signes d'impatience.

Elle a massé des troupes dans le sud du pays, près de la frontière avec l'Irak, et des unités de commandos ainsi que de l'équipement militaire ont été acheminés dans cette zone, selon la presse turque.

Après Ankara, les discussions vont se poursuivre à la Conférence d'Istanbul qui se tient au niveau des ministres des Affaires étrangères et à laquelle devrait assister le chef de la diplomatie irakienne Hoshyar Zebari.

MM. Zebari et Babacan devraient se rencontrer en tête à tête à Istanbul, a indiqué dimanche à l'AFP un diplomate turc.

Le point d'orgue des pourparlers entre les Etats-Unis et la Turquie, aura lieu lundi 5 novembre avec une rencontre entre M. Erdogan et le président George W.Bush à la Maison Blanche.

Il s'agira des premiers entretiens entre les deux responsables depuis la victoire du Parti de la justice et du développement (AKP), issu de la mouvance islamiste, de M. Erdogan aux législatives de juillet.

Le président du Kurdistan irakien Massoud Barzani a de son côté souhaité des négociations directes avec Ankara mais les Turcs ont déjà laissé entendre que Bagdad est leur seul interlocuteur.

Cinq personnes ont par ailleurs été légèrement blessées par l'explosion d'un engin de faible puissance dans une ville du nord-ouest de la Turquie où se déroulait une manifestation anti-PKK.

Quelque 3.500 personnes ont également manifesté à Salzbourg, en Autriche, contre le PKK.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.