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Ankara à Washington: pas d'échéances pour un retrait d'Irak


Jeudi 28 février 2008 à 12h32

ANKARA, 28 fév 2008 (AFP) — Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a demandé jeudi à la Turquie un retrait rapide de l'armée turque du nord de l'Irak une semaine après le début de l'offensive d'envergure contre le PKK, mais les dirigeants turcs ont refusé de fixer des échéances pour un retour.

"La Turquie restera dans le nord de l'Irak le temps qu'il faut", a dit le ministre de la Défense Vecdi Gönül lors d'une conférence de presse avec M. Gates, arrivé mercredi à Ankara pour une courte visite.

De violents combats opposaient jeudi troupes turques et rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) à Zap, ont indiqué des sources locales kurdes à l'AFP.

Cette localité en territoire irakien, en face de la petite ville turque de Cukurca, aux confins du sud-est anatolien turc, est un camp d'entraînement et une des principales bases d'où le PKK lance des attaques en territoire turc.

L'artillerie et l'aviation turques pilonnaient les zones de Zap, Nerva Rekan et Cham Chu, proche de la frontière turque et de la ville irakienne de Amadiyah, a-t-on précisé de mêmes sources.

M. Gönül a cependant assuré son homologue américain que son pays "n'a l'intention d'occuper aucune zone" du Kurdistan irakien, laissant entendre que l'armée réintégrera ses bases après avoir atteint ses objectifs.

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a également assuré à M. Gates que "quand les objectifs seront atteints, les soldats rentreront", a rapporté l'agence Anatolie.

Le secrétaire a indiqué n'avoir reçu aucun calendrier précis pour un retrait turc, mais a insisté que l'incursion "doit être courte et la plus ciblée possible".

Il a souligné que les Etats-Unis et la Turquie, alliés de l'Otan, avaient des "intérêts communs".

Washington, qui fournit depuis plusieurs mois des renseignements en temps réel sur les rebelles dans le nord de l'Irak, s'inquiète de l'éventualité d'un conflit entre ses deux alliés régionaux, les Turcs et les Kurdes d'Irak, en cas d'enlisement de l'opération turque.

Interrogé sur ce point, M. Gates a souligné qu'il n'est dans l'intérêt de personne de menacer Ankara d'arrêter de fournir des renseignements pour le forcer à un retrait de l'Irak.

Le chef du Pentagone a quitté Ankara en début d'après-midi après s'être entretenu avec le président Abdullah Gül, M. Erdogan et le chef d'état-major général, le général Yasar Büyükanit.

Ce dernier s'est également refusé de s'engager à fixer un calendrier de retour rapide.

"Un délai rapide est une notion relative", a dit le général, soulignant qu'"il peut s'agir parfois d'un jour et parfois d'un an".

"Nous luttons depuis 24 ans contre le terrorisme (du PKK) et cette lutte va se poursuivre", a-t-il précisé.

M. Gates "a indiqué avoir compris", selon le général, qui a donné pour exemple "le combat antiterroriste que mène depuis des années les Etats-Unis en Afghanistan".

Le secrétaire américain a affirmé mercredi peu avant son arrivée à Ankara que la durée de l'opération terrestre turque, appuyée par l'aviation, devrait se mesurer "en termes de jours, voire une ou deux semaines. Mais pas en mois".

Depuis le début de l'offensive, 230 rebelles ont été tués dans les montagnes enneigées du nord de l'Irak, selon un bilan fourni mercredi par l'armée turque.

Vingt-sept membres des forces de sécurité, dont trois miliciens, ont été tués, selon ce décompte.

Selon le PKK, 108 soldats ont été tués et cinq personnes tuées côté PKK.

Ankara estime à 4.000 le nombre de rebelles retranchés dans le nord de l'Irak.

Le conflit kurde en Turquie a fait plus de 37.000 morts depuis le début de l'insurrection du PKK en 1984, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l'UE et les Etats-Unis.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.