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Allemagne: une membre présumée de l'EI jugée pour avoir réduit en esclavage une Yazidie


Mercredi 11 janvier 2023 à 17h13

Coblence (Allemagne), 11 jan 2023 (AFP) — Le procès d'une Allemande membre présumée du groupe Etat islamique, jugée pour des persécutions contre une Yazidie réduite en esclavage, s'est ouvert mercredi à Coblence (ouest).

Nadine K., placée en détention provisoire dès son retour en Allemagne en mars 2022, est jugée par le tribunal régional de Coblence pour crimes contre l'humanité, réduction en esclavage d'un être humain, complicité de génocide et crimes de guerre.

Agée aujourd'hui de 37 ans, elle avait suivi son mari en 2014 en Syrie dans les rangs du groupe EI, avant de gagner Mossoul (Irak) l'année suivante.

Les époux vivaient dans une maison spoliée où ils entreposaient des armes et des explosifs et accueillaient des femmes célibataires membres de l'EI avant leur mariage.

A partir du printemps 2016, Nadine K. et son mari, médecin au service de l'EI, ont pris une femme yazidie comme esclave.

"Le mari violait et battait régulièrement la femme, ce que Nadine K. savait", avait accusé le parquet fédéral dans son acte d'accusation en septembre dernier, précisant que l'Allemande "surveillait elle-même la captive pour qu'elle ne puisse pas s'échapper".

La femme "devait prier tous les jours selon le rite islamique et observer le jeûne pendant le Ramadan", relevait le parquet, soulignant que "tout cela servait l'objectif déclaré de l'EI d'anéantir la foi yazidie".

Le couple et son esclave a ensuite déménagé en Syrie fin 2016 où ils ont vécu jusqu'au début du mois de mars 2019, date à laquelle la femme yazidie a pu retrouver la liberté.

Nadine K. a elle été emprisonnée dans un camp des forces kurdes, avant son transfèrement en Allemagne en mars 2022.

En août 2014, l'EI avait déferlé sur les monts Sinjar, dans le nord de l'Irak, multipliant les exactions à l'encontre de leurs habitants, les Yazidis, une petite minorité ethno-religieuse kurdophone. Les jihadistes avaient réduit les femmes à l'esclavage sexuel, enrôlé de force des enfants-soldats et tué des hommes par centaines.

Une équipe d'enquête spéciale de l'ONU avait annoncé en mai 2021 avoir recueilli la "preuve claire et convaincante" qu'un génocide a été commis par les jihadistes contre les Yazidis.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.