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Aide transfrontalière en Syrie: les Kurdes critiquent le vote de l'ONU


Samedi 10 juillet 2021 à 18h28

Qamichli (Syrie), 10 juil 2021 (AFP) — Les autorités kurdes en Syrie ont critiqué samedi le Conseil de sécurité de l'ONU pour n'avoir prolongé le mécanisme d'aide humanitaire transfrontalière que dans le nord-ouest, sans rouvrir le point de passage vers les territoires qu'elles contrôlent dans le nord-est.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a approuvé vendredi à l'unanimité une résolution prolongeant de six mois renouvelables un mécanisme onusien d'aide humanitaire transfrontalière à la Syrie, sans l'aval de Damas, qui expirait samedi.

De nombreuses ONG ont critiqué un compromis américano-russe qui n'autorise que le point d'accès de Bab al-Hawa, à la frontière nord-ouest de la Syrie avec la Turquie, dans la province d'Idleb, dont la moitié est aux mains des rebelles et jihadistes, échappant au contrôle de Damas.

Trois autres points d'accès, dont celui d'Al-Yarubiyah à la frontière irakienne dans le nord-est, avaient été supprimés en 2020, sous la pression de Moscou, grand allié du régime de Bachar al-Assad.

"Nous ne sommes pas opposés à la délivrance d'aide au peuple syrien (...) mais nous sommes opposés à (cette politique) +deux poids, deux mesures+", a indiqué dans un communiqué l'administration semi-autonome kurde qui contrôle une grande partie du nord-est du pays.

"Cette décision accentue la tragédie humanitaire en prolongeant le siège que nous subissons de tous les côtés", ajoute-t-elle.

Les autorités kurdes de Syrie et des ONG demandaient la réouverture d'Al-Yarubiyah et un projet de résolution avait été présenté en ce sens par l'Irlande et la Norvège, deux membres non permanents du Conseil de sécurité.

"Le Conseil a (...) encore une fois échoué à répondre aux défis vitaux auxquels fait face la population dans le nord-est de la Syrie", a déclaré vendredi dans un communiqué David Miliband du Comité international de secours (IRC).

"Les besoins (d'aide) ont augmenté de près de 40% et l'IRC et d'autres ONG font face à des pénuries chroniques de produits de première nécessité", a-t-il ajouté.

Amnesty international a aussi condamné le vote à l'ONU, le qualifiant de "compromis" qui néglige la tragédie humanitaire dans le nord-est de la Syrie, qui accueille dans des camps surpeuplés de nombreux proches du groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Le gouvernement syrien a lui salué le vote comme une réaffirmation de l'unité de la Syrie.

"Les points de passage externes ne sont plus le principal outil pour l'aide (...) les livraisons depuis l'intérieur de la Syrie sont maintenant le canal principal", a déclaré le ministre des Affaires étrangères Fayçal Moqdad selon la télévision d'Etat.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.