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Aide transfrontalière de l'ONU: les Kurdes craignent pénuries et pressions du régime


Mardi 14 janvier 2020 à 17h43

Beyrouth, 14 jan 2020 (AFP) — Les autorités locales kurdes dans le nord-est de la Syrie ont averti mardi que la suppression d'un point de passage par lequel transitait l'aide humanitaire transfrontalière de l'ONU risquait de provoquer des pénuries médicales et pouvait les exposer à un contrôle accru du régime.

Après un premier veto de la Russie, soutien indéfectible du pouvoir de Bachar al-Assad, et de la Chine, le Conseil de sécurité de l'ONU a prolongé vendredi l'aide humanitaire livrée en Syrie, mais seulement pour une durée de six mois et uniquement via deux points frontaliers, contre quatre auparavant.

Un point de passage supprimé, celui d'Al-Yarubiyah, à la frontière entre la Syrie et l'Irak, permettait à l'aide d'arriver directement dans les territoires kurdes (nord-est) en s'affranchissant de l'aval de Damas.

"L'aide (de l'ONU) n'entrera plus dans la région si ce n'est depuis les zones tenues par le gouvernement, ce qui donnera au régime une plus grande capacité de contrôle sur la distribution", a mis en garde Abdel Kader Mouwahad, directeur du bureau des affaires humanitaires au sein des autorités locales kurdes.

Les Kurdes contrôlent toujours un autre point de passage, celui de Samalka, qui relie la Syrie au Kurdistan irakien, mais l'aide de l'ONU n'y transite pas.

Le point de passage d'Al-Yarubiyah était vital pour des territoires kurdes où quelque 1,6 million de personnes dépendent de l'aide onusienne, selon des ONG. Il permettait notamment de faire entrer des aides médicales.

La fermeture d'Al-Yarubiyah intervient dans un contexte délicat pour les territoires kurdes, visés fin 2019 par une offensive de la Turquie voisine qui a déplacé 200.000 personnes.

Confrontés à cette opération, les Kurdes n'ont pas eu d'autre choix que d'amorcer une alliance inédite avec le régime. Si la minorité conserve à ce jour son administration semi-autonome, elle a dû accepter le déploiement des forces gouvernementales dans certaines zones.

Et malgré la fin des grandes batailles contre le groupe Etat islamique (EI), les Kurdes ont toujours à leur charge des dizaines de milliers de personnes, notamment des familles de jihadistes occidentaux, qui vivent dans des camps de déplacés.

La suppression d'Al-Yarubiyah va entraver "60 à 70% de l'assistance médicale apportée au camp d'Al-Hol", déplore M. Mouwahad, en référence à ce vaste camp où s'entassent près de 70.000 personnes dans le plus grand dénuement.

La mesure menace également la livraison de médicaments et d'équipements médicaux fournis à un hôpital de la ville de Hassaké et au Croissant-Rouge kurde local, ajoute le responsable.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.