Jeudi 18 juin 2009 à 13h56
VIENNE, 18 juin 2009 (AFP) — Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad est de nouveau accusé d'être impliqué dans l'assassinat d'un opposant kurde à Vienne en 1989, a révélé jeudi un parlementaire autrichien, qui a rendu public un témoignage inédit dans cette affaire.
Toutefois, l'Iran a toujours nié toute implication dans cet assassinat.
Selon Peter Pilz, porte-parole des Verts autrichiens (opposition) pour les affaires de sécurité, un marchand d'armes allemand a ainsi affirmé avoir livré à Mahmoud Ahmadinejad à Vienne des armes liées à l'assassinat d'Abdel Rahman Ghassemlou, secrétaire général du Parti démocratique du Kurdistan/Iran (PDKI), un mouvement d'opposition interdit par Téhéran, et de deux de ses collaborateurs. Les trois opposants avaient été assassinés à Vienne le 13 juillet 1989 par un commando dont les membres ont pu prendre la fuite.
Ce témoin, entendu le 6 avril 2006 (ndlr: le procès-verbal est daté du 18 avril) par les autorités antimafia italiennes alors qu'il purgeait une peine de prison à Trieste, a indiqué avoir été en contact régulier avec les services iraniens en 1989 dans le cadre de trafics d'armes. Il a affirmé avoir, peu de temps avant les assassinats, livré une demi-douzaine d'armes légères lors d'une rencontre à l'ambassade d'Iran à Vienne, à laquelle prenait part Mahmoud Ahmadinejad.
"La troisième rencontre a eu lieu à l'ambassade d'Iran au cours de la première semaine de juillet 1989. Etaient présents trois Iraniens dont un certain Mohamed, qui est devenu par la suite président de la République d'Iran", a déclaré ce témoin, selon une copie du procès-verbal présentée par Peter Pilz au cours d'une conférence de presse.
L'audition s'était déroulée en présence de policiers autrichiens et le procès-verbal avait été transmis aux autorités autrichiennes, a indiqué le député.
"Ce document corrobore en tous points le grave soupçon que Mahmoud Ahmadinejad ait procuré les armes qui ont servi aux assassinats", a affirmé Peter Pilz.
Le ministère autrichien de l'Intérieur et le Parquet de Vienne n'ont pas été en mesure de confirmer immédiatement à l'AFP avoir connaissance de ce document.
En juillet 2005, Peter Pilz avait déjà produit le témoignage d'un journaliste iranien qui assurait avoir recueilli les confidences détaillées d'un membre présumé du commando, le général pasdaran Nasser Taghipoor, décédé en 2002, et qui accusait également Mahmoud Ahmadinejad. L'ex-président iranien Bani Sadr, en exil en France, avait précisé que l'entretien s'était déroulé à son domicile de Versailles, près de Paris.
La police autrichienne n'avait cependant pas été autorisée par la France à entendre ce témoin, selon Peter Pilz.
Vienne, qui entretient des liens commerciaux privilégiés avec l'Iran, n'a jamais souhaité ni confirmer ni infirmer une éventuelle présence de Mahmoud Ahmadinejad à Vienne à l'époque des faits.
Après les assassinats, les autorités autrichiennes avaient permis à l'Iran de rapatrier les membres présumés du commando, dont l'un avait été blessé dans l'attentat et hospitalisé.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.